| 27.11.2017
Le nombre d'interventions chirurgicales et d'actes médicaux inutiles en France serait exorbitant. C'est ce que révèle une enquête* réalisée par Odoxa sur la pertinence des actes et examens médicaux pour la Fédération hospitalière de France (FHF) qui demande aux pouvoirs publics de passer à l'action, une bonne fois pour toutes.
Les résultats de l'enquête sont édifiants. Un tiers des Français, un tiers des médecins et un quart des directeurs d'hôpitaux estiment que certains actes ne sont pas « pleinement justifiés ». Neuf médecins sur dix reconnaissent « qu'il leur arrive personnellement de prescrire certains actes qui après coup leur semblent injustifiés », dont 28 % « régulièrement ». Les trois quarts des Français jugent que les actes médicaux (échographies, radios, IRM, opérations, traitements) non justifiés sont un problème important sur notre territoire.
Des variations de pratiques sur cinq actes
En parallèle, la FHF a également publié un atlas sur les variations de pratiques 2016 où l'étude de cinq actes est présentée : la césarienne, le pontage coronarien, la chirurgie du rachis, l'endoprothèse vasculaire et les interventions sur le cristallin. Les résultats montrent que le taux de recours à ces actes (consommation de soins hospitaliers des habitants d’une zone géographique donnée rapportée à la population dans cette zone) varie de façon très importante entre les régions.
Le taux de recours sur la chirurgie du rachis (148 pour 100 000 habitants en moyenne nationale) est compris entre 102 et 128 en Ile-de-France mais entre 177 et 192 en Bourgogne Franche-Comté.
Pour l'endoprothèse vasculaire (233 pour 100 000 habitants en moyenne nationale), la Bretagne affiche un taux de recours entre 160 et 214 contre 272 à 353 pour la région du Grand Est.
Les disparités existent aussi entre les secteurs hospitaliers public et privé. Le pontage coronarien (29 pour 100 000 au niveau national) est l'apanage du public dans toutes les régions, notamment en Bretagne (le public assure l'intégralité de l'offre) et en Bourgogne-Franche-Comté (taux de recours de 26 pour 100 000 contre 9 pour 100 000 dans le privé).
Sur le cristallin (1242 pour 100 000 personnes en moyenne nationale), le privé tient le haut du pavé, spécialement dans l'ouest et le sud du pays. Dans le Grand Est ou le taux de recours est inférieur à la moyenne nationale (entre 1 131 et 1 195), l'écart entre hôpitaux et cliniques est plus restreint que dans d'autres régions du pays.
Les Français pour un second avis médical et la fin de la T2A
Autre résultat de l'enquête Odoxa : 77 % des Français pensent que la lutte contre les actes médicaux injustifiés constituerait un moyen efficace de faire des économies. Parmi les mesures avancées pour lutter contre le gaspillage médical, huit Français sur dix se prononcent pour l'obligation d'un second avis médical « avant certains actes lourds et coûteux » et sont favorables à la mise en place d'un service de conseil téléphonique médical en guise de régulation des urgences hospitalières.
Les Français se prononcent aussi pour la fin de la tarification à l'acte : 64 % à 72 % pensent notamment qu'une autre rémunération des professionnels de santé et des hôpitaux serait « juste », « efficace » et « moins coûteuse ».
Les résultats de l'enquête montrent enfin que 70 % des Français estiment que le sujet est insuffisamment abordé dans le débat public. 78 % pensent que les politiques de santé ne s'en préoccupent pas assez.
Pourtant, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, en a fait l'une de ses priorités. L'escalade des actes inutiles et des prescriptions non justifiées est évaluée « autour de 25 % » des dépenses de santé. La ministre de la Santé l'a reconnu devant l'association des journalistes de l'information sociale (AJIS) mi-novembre : la pertinence des soins, c'est une « marge de progrès considérable et d'économies sans douleur pour la Sécurité sociale ».
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