14 juillet, un an après. Soucieux de voir des difficultés réapparaître chez son personnel, le CHU de Nice s'interroge sur l'impact réel des attentats sur la communauté hospitalière. Après avoir choisi de relancer sa plateforme d'écoute pour la période, l'établissement lance également une grande enquête de santé publique.
En première ligne lors de l'attaque survenue sur la promenade des Anglais le 14 juillet 2016, les professionnels de santé du CHU de Nice ont rapidement été pris en charge. Entretiens individuels, débriefings, permanence en ligne... L'établissement avait alors brassé large pour assurer un dispositif de soutien psychologique le plus complet possible (lire notre dossier). À quelques jours de l'anniversaire de l'attentat, la direction des ressources humaines réactive la communication autour de sa plateforme de soutien téléphonique. Une écoute anonyme et confidentielle assurée par des psychologues confirmés offerte à tout le personnel, "qu'il [ait] été en contact direct ou indirect, tant sur le plan professionnel et/ou personnel".
"Le dispositif a été très peu utilisé, voire pas du tout ces derniers mois, mais à l'approche du 14 juillet nous avons pu observer certains signaux", analyse la directrice du pôle ressources humaines du CHU Karine Hamela. Si à peine une vingtaine d'arrêts maladie directement liés aux attentats a été recensée, la directrice insiste : les professionnels doivent encore prendre conscience de leur état psychologique. "Ils ont voulu faire face et ne se sont pas autorisés à dire qu'ils n'allaient pas bien mais l'élaboration du planning de juillet [2017] a fait remonter des difficultés." Habituellement en fonctionnement la semaine, la plateforme sera donc pour l'occasion exceptionnellement activée sur le week-end du 14 au 16 juillet.
Mesurer l'impact à long terme sur la vie professionnelle
En parallèle, le département de santé publique de l'hôpital travaille à mesurer plus profondément l'impact des attentats sur la communauté hospitalière grande enquête à l'appui. Avec la collaboration de Santé publique France, à l'origine d'une enquête similaire auprès de la population civile lors des attentats du 13 novembre 2015, le CHU a ainsi lancé l'enquête de cohorte hospitalière de santé publique, dite Échos de Nice 14 juillet. Adaptée au profil de ses personnels, des étudiants en médecine et étudiants paramédicaux, ainsi qu'auprès des personnels des hôpitaux pédiatriques de Nice CHU-Lenval, elle entend estimer les séquelles en matière de santé psychologique et psycho-traumatique des professionnels "mais aussi l'impact à long terme sur la vie professionnelle et l'organisation quotidienne", comme l'expliquent dans un courrier daté du 1er juin le directeur général (DG) du CHU, le DG de la fondation Lenval, le président de la communauté médicale d'établissement (CME), le doyen de la faculté de médecine de Nice et le président de la CME des hôpitaux pédiatriques Lenval.
Consciente que les professionnels ne réagissent pas de la même manière ni à la même temporalité que la population civile, la direction des ressources humaines envisage par ailleurs le lancement d'une cohorte pour un suivi à cinq ans. Un second volet, dédié spécifiquement à l'impact de l'attentat sur les choix de carrière des étudiants*, sera également mené. À cet égard, l'enquête devrait présenter "une grande utilité au plan national et international", la documentation de l'impact sanitaire d'un attentat permettant ainsi d'apporter une information exploitable pour les dispositifs de prise en charge des populations impliquées en cas de nouvel attentat. Lancée depuis maintenant le 21 juin, l'étude devrait s'achever le 30 septembre prochain.
La politique interministérielle d'aide aux victimes s'organise
Ce 12 juillet en fin de journée, Édouard Philippe a réuni le premier comité interministériel de l'aide aux victimes, créé par décret du 8 février 2017. À cette occasion, le Premier ministre a détaillé le plan d’action du Gouvernement pour une prise en charge efficace et humaine des victimes et a présenté la déléguée interministérielle qui aura pour mission d’assurer le pilotage stratégique de la politique en la matière. Un premier bilan de ses travaux sera dressé "au début de l'année 2018", précise le compte rendu du Conseil des ministres du même jour.
* Les étudiants en médecine ont été particulièrement sollicités lors de l'attentat pour leur aide auprès des chambres mortuaires.
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