Si certaines enquêtes épidémiologiques ont déjà examiné l’influence possible de certains oligo-éléments (zinc et fer notamment) sur des symptômes dépressifs durant la grossesse, la place du manganèse restait méconnue.
Cette lacune est comblée par une étude transversale menée sur 1 745 femmes enceintes au Japon (où la prévalence des dépressions gravidiques est proche de 20 %) : les auteurs ont observé l’association éventuelle entre « l’ingestion de zinc, de magnésium, de fer, de cuivre et de manganèse et les symptômes dépressifs pendant la grossesse. » Des ajustements ont été réalisés pour plusieurs types de données : âge, région de résidence, nombre d’enfants, structure familiale, histoire de la dépression, antécédents familiaux, tabagisme (actif ou passif), emploi, revenus, indice de masse corporelle, consommation d’acides gras saturés, apports de calcium, vitamine D, isoflavones...
Les auteurs constatent une « association inverse significative » entre l’apport de manganèse et la symptomatologie dépressive pendant la grossesse, avec un rapport de prévalences ajusté dans le quartile d’apport de manganèse le plus élevé versus plus bas de 0,74 (intervalle de confiance à 95 % [0,56–0,97], p = 0,046).
Par l’alimentation ou en supplémentation
Les auteurs estiment que d’autres « études observationnelles et des essais cliniques contrôlés » sont maintenant requis pour enquêter sur « l’intérêt potentiel du manganèse» (apporté par l’alimentation ou par une supplémentation médicamenteuse) dans la prévention ou/et le traitement de troubles dépressifs du contexte gravidique.
Approfondir les connaissances sur les rôles biologiques du manganèse est d’autant plus important qu’il constitue à la fois un produit toxique quand son ingestion excède les besoins physiologiques (de l’ordre de 1 à 3 milligrammes par jour), mais un oligo-élément indipensable à la vie chez les plantes comme chez les animaux et dans l’espèce humaine, présent en particulier dans le site actif de certaines métalloprotéines (superoxyde dismutases) qui protègent notamment les mitochondries du « stress oxydant généré lors de la respiration cellulaire. »
Dr Alain Cohen
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