Face à une tendance à la légalisation du cannabis dans de nombreux pays, des experts de l’institut de psychiatrie, psychologie et neurosciences du King’s College de Londres évoquent dans un édito du Lancet Psychiatry la nécessité de chercher des solutions pour rendre l’usage de cette substance plus sûr. Les auteurs suggèrent que les décideurs comme les chercheurs devraient trouver des moyens de limiter « la puissance » du cannabis. Il évoque la possibilité de réduire l’usage conjoint du tabac ou celle de modifier la composition de la marijuana afin de diminuer ses effets néfastes sans altérer la satisfaction que les utilisateurs éprouvent.
L'addiction au cannabis en hausse
En effet, en 40 ans, la proportion des personnes devant être aidées face à leur addiction au cannabis n’a cessé de croître, en Europe ou aux États-Unis. « Ces 8 dernières années, le nombre d’individus au Royaume-Uni qui ont eu recours à un traitement spécialisé a augmenté de plus de 50 % », estime le Dr Tom Freeman, un des auteurs. Malgré des lois prohibitives, l’usage de ce type de drogue demeure en hausse dans le monde soulignant le manque d’effet dissuasif de ces interdictions. Ce constat pousse de nombreux pays a autoriser le cannabis pour un emploi strictement récréatif comme le Canada en 2017. D’autres pays européens comme l’Espagne, Le Portugal ou les Pays-Bas ont réduit ou abolie les sanctions relatives au cannabis.
Changer la composition, et les habitudes
Cependant, d’après les spécialistes, il serait possible de contrôler les effets du cannabis en modifiant sa composition. Plus précisément, celui-ci est constitué de delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) et de cannabidiol (CBD). Or, si le premier est responsable de la plupart des effets secondaires comme la paranoïa ou les déficiences de la mémoire, le second pourrait lui s’avérer protecteur contre ces mêmes effets néfastes, et ce, sans affecter les sensations que les utilisateurs recherchent. Bien sûr, la combinaison idéale entre les deux constituants est inconnue et des travaux doivent être entrepris dans ce sens car les experts ne cachent pas leurs inquiétudes face à la situation actuelle.
Dans les États ou le cannabis est légal, les taux de THC ne sont pas régulés et de la drogue qui n’en contient pas moins de 75 % et peu, voire pas de CBD, est devenue assez populaire. C’est pourquoi en Uruguay et aux Pays-Bas, les politiques songent à limiter les concentrations en THC à 15 %. Une alternative envisagée serait de taxer le cannabis en fonction de la proportion de THC qu’il contient.
Enfin, les scientifiques pointent aussi le fait que le cannabis est souvent consommé avec du tabac, en particulier en Europe. Limiter cette association via l’usage de vaporisateurs par exemple, empêcherait au moins d’allier les effets indésirables du cannabis aux propriétés hautement addictives de la nicotine.
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