Personnes sans-abri, migrants, familles monoparentales, personnes isolées, malades ou handicapées… "la précarité, quel que soit son visage, est toujours synonyme de difficultés, voire de renoncement d’accès aux soins". Face à ce constat, la Croix-Rouge a profité de la tenue prochaine de ses journées nationales, organisées du 28 mai au 5 juin, pour rendre public son tout premier rapport sur la santé, dédié cette année au public vulnérable.
Sur la base d'une enquête réalisée en 2015 dans ses lieux de consultations médicales gratuites et d'orientation sociale — les accueils santé social (ACSS) —, la Croix-Rouge l'a observé en effet : 59% des personnes accueillies renoncent à des soins généralistes, contre 3% de la population générale, et 65% renoncent aux soins dentaires, contre 10% de la population générale. Dans 70% des cas, ces choix sont dus à des raisons financières. Pour autant, la situation semble également s'expliquer par les dysfonctionnements du système de santé, dont les personnes vulnérables sont "les premières victimes". D'après le sondage OpinionWay pour la Croix-Rouge*, plus de la moitié des sondés soulignaient avoir déjà dû renoncer à une aide en raison de manque d'information ou de la lourdeur administrative des démarches. Et plus du tiers à cause de pratiques décourageantes de professionnels de santé.
Les personnes âgées isolées, les personnes handicapées, vieillissantes ou non, de même que les personnes atteintes de maladies chroniques vivent dans une précarité "installée", estime également l'association. Ce type de parcours, précise-t-elle, n'est pas forcément relié à un événement de rupture. Leur rythme de vie témoigne "d'un équilibre, tant relationnel que financier", mais installé dans une situation précaire de longue durée, appelant à des besoins d'écoute et de lien social.
Rappelant au passage que la santé physique des âgés "a un impact sur la santé mentale et vice-versa", la Croix-Rouge insiste sur l'importance de la prévention et de promotion de la santé via des dispositifs tels que les haltes répit détente Alzheimer, le réseau Monalisa ou encore les services de soutien psychologique par téléphone. Autant de projets menés par la structure ou auxquels elle adhère. Sans surprise, font donc partie des recommandations formalisées en fin de rapport, une meilleure valorisation du statut de bénévole par les pouvoirs publics ainsi qu'une plus grande prise en considération du caractère novateur du tissu associatif (d'après le sondage, 63% des personnes jugeaient d'ailleurs que les moyens développés par les acteurs de santé ne sont pas suffisamment innovants pour répondre aux besoins fondamentaux des plus fragiles). S'y ajoutent deux requêtes : le décloisonnement des actions et des systèmes sanitaires, sociaux et médico-sociaux et l'essaimage de la politique de "l'aller vers" pour les publics invisibles. "En proposant notamment plus de dispositifs mobiles de prévention et de soins de premiers recours, tout en luttant contre l'isolement".
* L'enquête a été réalisée les 11 et 12 mai derniers auprès de 1 015 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans ou plus.
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