Réalisée aux États-Unis pendant 25 ans (entre 1985 et 2011) et portant sur 3 247 adultes (âgés au départ de 18 à 30 ans), une étude prospective évalue les effets de la sédentarité (estimée par la durée quotidienne consacrée à regarder la télévision) sur le fonctionnement cognitif en milieu de vie, apprécié au moyen de différents tests : le test de substitution entre chiffres et symboles reflétant la vitesse de la pensée (Digit Symbol Substitution Test, DSST)[1], le test de Stroop[2] et le Test d’apprentissage auditivo-verbal de Rey (Rey Auditory Verbal Learning Test)[3].
Par rapport aux sujets moins « consommateurs » de télévision, ceux ayant consacré plus de 3 heures par jour à regarder le petit écran et dont le niveau quotidien d’activité physique est resté faible au long des 25 années du suivi ont in fine un « niveau plus modeste de performances cognitives » (inférieur d’une déviation-standard par rapport à la moyenne de la population). Cette différence apparaît aux tests DSST et de Stroop (mais pas à celui de Rey), après ajustement des données brutes pour tenir compte de possibles facteurs confondants : âge, ethnicité, sexe, niveau d’instruction, tabagisme, consommation d’alcool, indice de masse corporelle, et hypertension artérielle.
De plus mauvaises performances cognitives à 40 ans pour le téléspectateur passif
De façon significative, le faible niveau d’activité physique se révèle associé à des résultats plus médiocres au DSST : Odds ratio [OR] = 1,47 intervalle de confiance à 95 %, IC, [1,14–1,90]. Et comparativement aux participants passant peu de temps devant leur poste de télévision, mais s’adonnant régulièrement à une activité physique, ceux qui préfèrent le statut de téléspectateur à celui de sportif ont, dès la quarantaine, deux fois plus de « mauvaises performances cognitives », comme le montrent le DSST (OR = 1,95, IC [1,19–3,22]) et le test de Stroop (OR = 2,20, IC [1,36–3,56]).
Cette étude constitue ainsi une nouvelle illustration de l’adage « On récolte toujours ce qu’on sème » : marquées dès le début de l’âge adulte et prolongées pendant des années, la passivité du téléspectateur et l’inactivité physique ont à la longue une incidence néfaste sur le fonctionnement cognitif. Comportement à risque, cette sédentarité implicite est donc une « cible critique » pour les actions de prévention du vieillissement cognitif.
[2] http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.475.3053&rep=rep1&type=pdf &https://fr.wikipedia.org/wiki/Effet_Stroop
[3] http://www.automobileevaluation.com/rey-m_vanier.pdf
Dr Alain Cohen
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