INTERVIEW
Amar Henni, éducateur et chercheur, rejette le terme d’apartheid. Préoccupé par la rupture entre les habitants des «territoires diffamés» et les autres, il pointe le renoncement des pouvoirs publics et la disparition des acteurs de terrain.
Libération a croisé la route d’Amar Henni, 53 ans, il y a un peu plus de quinze ans. A l’époque, il était éducateur de rue à Ris-Orangis. Olivier Bertrand, alors en charge du cahier Essonne, entame avec lui un long travail d’enquête sur les maux des quartiers populaires. En 2005, Jacky Durand, reporter au service société, prend le relais. Durant plus d’un an, ils sillonnent ensemble le quartier de la Grande-Borne, à Grigny. Cela donnera «Cité dans le texte», chronique hebdomadaire donnant la parole aux habitants. Il y est question de la précarité, déjà, du chômage, de la religion, mais aussi d’amour, de sexe, de réussites en tout genre. Depuis, Amar Henni est devenu membre de l’Observatoire international des banlieues et des périphéries. Il a également entamé des recherches à l’université Paris-VIII en compagnie de l’anthropologue Sylvain Lazarus. «J’ai eu besoin de valider mon expérience de terrain par la recherche, dit-il, enthousiaste.Mais ce qui m’anime avant tout, c’est de me confronter aux gens. Il est très difficile pour moi de me dire qu’un jour j’arrêterai l’éducation populaire.»
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