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samedi 27 décembre 2014

L’incontournable psychopathologie

 26/12/2014

Pour les éditorialistes du British Journal of Psychiatry, la psychopathologie devrait constituer « le cœur de la psychiatrie. » Son enseignement devrait être un passage obligé de la formation des professionnels de santé mentale et un « élément-clef », partagé par les cliniciens et les chercheurs dans ce domaine. Ce primat de la psychopathologie s’impose, argumentent les auteurs, pour « au moins six raisons » :

1°) La psychiatrie représente une discipline « hétérogène. » Comme l’approche des professionnels est d’origine multiple (psychanalyse, comportementalisme, neurosciences, sociologie…), il est donc nécessaire d’avoir un « terrain d’entente et un langage comparable. » Pour des cliniciens aux conceptions théoriques variées, la psychopathologie peut offrir un tel dénominateur commun permettant une compréhension mutuelle des troubles mentaux.

2°) Le recours à la psychopathologie demeure « largement utile », en présence de définitions des maladies mentales reposant sur des symptômes et des « éprouvés singuliers subjectifs » et non sur des bases précises, garanties par les neurosciences.

3°) On peut concevoir la psychopathologie comme un « pont » entre les sciences humaines et la clinique, et comme la « boîte à outils » de base donnant « un sens à la souffrance psychique. »

4°) La psychiatrie abordant la « subjectivité humaine anormale », la psychopathologie tente de définir ce qui est anormal et de saisir les éléments de vie psychique normaux dans un contexte de maladie mentale.

5°) La psychiatrie doit prendre soin d’un sujet en difficulté, « et non le juger, le marginaliser, le punir ou le stigmatiser. » La psychopathologie fait précisément le lien entre la compréhension et la prise en charge thérapeutique, en s’efforçant d’établir à cette fin une trame « à la fois éthique et méthodologique. »

6°) La psychiatrie cherche un moyen de rapprocher l’expérience subjective individuelle du fonctionnement cérébral. La psychopathologie ouvre un passage entre la compréhension et l’étiologie, pour la recherche et la clinique. Au moins une part des difficultés pour établir une psychiatrie étayée par les neurosciences semble provenir d’une « connaissance insuffisante de la psychopathologie », et un savoir fondamental dans ce domaine constitue une « condition préalable » pour une démarche explicative pouvant donner « une nouvelle impulsion à une psychiatrie biologique. »

Les auteurs jugent donc cette place centrale de la psychopathologie nécessaire pour « réaliser l’ambition » des psychiatres d’apporter un éclaircissement sur les maladies mentales.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Stanghellini G et Matthew R. Broome MR: Psychopathology as the basic science of psychiatry. Br J Psychiatry 2014 ; 205: 169–170.

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