CRITIQUE Pas facile de parler de la pauvreté aux enfants. De trouver les bons mots pour répondre à leurs questions quand ils croisent un ou une SDF. Pas évident non plus d’expliquer toutes les phrases qu’ils peuvent entendre : «les pauvres ne veulent pas travailler, ils profitent du système» ou «si on ne réussit pas à l’école, on finit dans la rue». Afin d’aider les enfants de 8 à 12 ans à décortiquer ces clichés, l’association ATD Quart Monde (1) a édité un petit livret pour dire «Stop aux idées fausses sur la pauvreté». «Les enfants côtoient au quotidien la précarité, explique Marie-Aleth Grard, vice-présidente d’ATD Quart Monde. Dans la rue ou le métro bien sûr, mais aussi à travers la situation de leurs camarades de classe ou dans leur propre vie.»
Selon le dernier rapport de l’Unicef, 2,6 millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté. «Parce qu’ils n’ont pas les bonnes baskets, parce qu’ils ne peuvent pas manger à la cantine comme les autres, ils se sentent bien souvent marginalisés et ont honte», rappelle Marie-Aleth Grard.
Dans les seize pages de ce fascicule joliment illustré, on trouve ainsi des bandes dessinées qui montrent les conditions de vie liées à la pauvreté. Des idées reçues comme «les enfants pauvres travaillent moins bien que les autres» sont dézinguées. Mais on lit aussi des témoignages comme celui d’Amandine, expulsée avec sa famille de son appartement quand elle avait 10 ans et qui apprend aujourd’hui le métier de pâtissière. «Nous voulons montrer que la pauvreté n’est pas une fatalité», dit Marie-Aleth Grard.
Pour réaliser ce livret, une journaliste d’Astrapi, partenaire du projet, s’est rendue dans une classe de CM2 des Apprentis d’Auteuil, à Bagneux. «Nous sommes partis des représentations des enfants», explique Cécile Lognoné, chef de projet chez les Apprentis d’Auteuil. «Ils se sont très vite rendu compte de la complexité de ce phénomène, que la pauvreté n’est pas seulement matérielle mais qu’elle entraîne bien souvent une rupture du lien social et un sentiment d’humiliation.»
Chez ATD Quart Monde, on espère que parents et enseignants s’empareront de ce livret comme d’un outil pour susciter le dialogue. «Les enfants ont finalement peu d’occasions pour mettre des mots sur la pauvreté, et mettre en relation ce qu’ils voient, ce qu’ils entendent et ce qu’ils en pensent, détaille Cécile Lognoné. C’est pourtant essentiel pour déconstruire durablement les préjugés.»
(1) En partenariat avec l’Afev, la Ligue de l’enseignement, le SNUipp-FSU, les Apprentis d’Auteuil et «Astrapi».
Stop aux idées fausses sur la pauvreté Disponible en PDF surwww.atd-quartmonde.fr ou sur commande (2€ les 5 exemplaires + 2€ de frais de port)
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