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mercredi 10 juillet 2013

Les plus de 70 ans affichent leur bonheur

LE MONDE | Par 
Les personnes âgées de 70 ans et plus sont très majoritairement heureuses et ne veulent pas être un poids pour leurs familles. Ce sont les principaux enseignements de l'enquête d'opinion de l'Observatoire de la révolution de l'âge réalisé par ViaVoice pour Le Monde, Harmonie Mutuelle et France 2 et publiée mardi 9 juillet.
Cette étude, pour laquelle deux échantillons de plus de 1 000 personnes (les plus de 70 ans d'un côté, les 40-70 ans de l'autre) ont été interrogés, porte sur le ressenti des personnes âgées sur leur vieillissement, entre liberté inédite et crainte de la dépendance. Elle propose également un regard croisé avec la génération de leurs enfants.
Pour une majorité de sondés, c'est aux pouvoirs publics d'assurer la prise en charge des personnes âgées.
Dix ans après la canicule de 2003, qui avait mis en évidence les lacunes de la société française dans la protection de ses aînés et alors que les débats sur les retraites, la dépendance et la fin de vie rythment l'actualité, les personnes âgées présentent une vision étonnamment joyeuse de leur vieillissement. Ainsi, 89 % des personnes ayant 70 ans et plus se déclarent"heureuses". Parmi elles, 37 % se disent "très heureuses". Un sentiment partagé par la génération des 40-70 ans. Ceux-là imaginent à 86 % leur père heureux et à 78 % leur mère heureuse. Comment expliquer un tel optimisme ?
LES PERSONNES ÂGÉES NE SE SENTENT PAS VIEILLES
D'abord, les personnes âgées ne se sentent pas vieilles. "Ce sont mes enfants qui me donnent l'impression d'être vieux ! Par exemple, ils ne veulent pas que je prenne ma voiture pour faire Paris-Saint-Jean-de-Luz sur la journée. Eh bien, je le fais quand même !", lâche Philippe, un parisien de 73 ans interrogé dans l'étude.
L'avancée de l'âge n'est pas non plus perçue comme un facteur d'inquiétude. 62 % affirment ne pas avoir peur de vieillir et 76 % estiment que l'allongement de l'espérance de vie est une "bonne chose". Et autant de personnes âgées ont le sentiment de s'être "bien préparées". Elles sont également 6 sur 10 à penser que l'on se "préoccupe bien" des personnes âgées actuellement.
Surtout, ce ressenti s'explique par la promesse qu'offre cette nouvelle vie, souvent exempte de travail et de responsabilités. La vieillesse est perçue comme le temps de la liberté. Spontanément, 1 interrogé sur 10 a défini ce qu'est d'"être âgé" par le fait de profiter de la vie, en fournissant, par exemple, ces réponses : "pouvoir faire ce que l'on veut""avoir les moyens de profiter de la vie" ou encore "la liberté de se déplacer et de voyager".
Dans ce "troisième âge", 44 % déclarent apprécier avoir du temps à consacrer à leur famille et à leurs proches, et 38 % avoir du temps pour leurs activités de loisirs, culturelles ou associatives. Car pour eux, la vieillesse est à séparer du "grand âge". Interrogée, Christiane, une professeure retraitée de 70 ans, raconte : "Il y a quelques années, je me disais que la vieillesse c'était à 70 ans, je viens de les fêter et je me suis rendu compte que c'est bien plus tard !"
"LA CRAINTE DE NE PLUS ÊTRE SUFFISAMMENT AUTONOME"
Etre âgé, c'est surtout, pour près d'une personne sur deux, "un sentiment de déclin", physique ou moral. Et l'on devient "vraiment âgé" lorsqu'on"n'est plus autonome dans son logement".
La dépendance se révèle être leur plus grande crainte. Un sur deux se dit préoccupé par "la crainte de ne plus être suffisamment autonome". La seconde préoccupation étant la maladie pour 47 % d'entre eux. Là aussi, le sentiment est partagé par la génération de leurs enfants dans les mêmes proportions.
Pour préparer cet horizon de la perte d'autonomie, les personnes interrogées comptent davantage sur leurs proches que sur les services publics, même si les soins constituent le second poste de dépenses. 42 % estiment que la famille les a "prioritairement aidés à bien préparer" ce moment, loin devant le médecin. Pourtant, pour plus de la moitié d'entre eux, ce sont les pouvoirs publics et la société dans son ensemble qui devraient surtout assurer leur prise en charge, loin devant la famille.
"MAINTENIR UN LIEN SOCIAL"
Cet écart s'explique par le fait qu'une personne âgée sur deux juge"insuffisante" l'offre de services et de soins qui lui est proposée. Un chiffre qui monte à 59 % pour la prise en charge financière, médicale ou sociale."Les maisons de retraite sont des mouroirs. Il faut prévoir des tout petits ensembles d'une dizaine de résidants avec une ou deux personnes en soutien continu", propose Françoise, retraitée de 73 ans, citée dans l'étude de l'Observatoire. Alors pour bien se préparer à leur vieillesse, les sondés ont en premier lieu "cherché à maintenir un lien social" avec leurs proches. Réaliser des bilans de santé ou faire en sorte d'être propriétaire ne viennent qu'ensuite.
Pour autant, même si être entouré par la famille et les amis reste un besoin psychologique autant qu'un plaisir, il est totalement exclu pour les personnes âgées de devenir un poids pour eux. En cas de nécessité, plus de la moitié des personnes interrogées préfèrent rester au domicile avec une assistance médicale. Elles préféreront déménager, adapter leur logement (29 %) ou résider en établissement spécialisé (18 %) plutôt que d'emménager chez leurs enfants (5 %).
Dans un communiqué, Michèle Delaunay, ministre déléguée aux personnes âgées et à l'autonomie, tient à rassurer et rappeler qu'un projet de loi est prévu pour la fin de l'année 2013. "Les deux premiers volets de la loi répondront à ces enjeux : anticipation-prévention, adaptation au vieillissement de la société et accompagnement de la perte d'autonomie. La responsabilité individuelle y aura sa place et les baby-boomers en seront premiers partenaires."
Sur l'ensemble de l'étude, la génération des 40-70 ans a présenté une vision identique à celle de ses aînés. Leurs demandes sont même plus fortes envers l'engagement des pouvoirs publics dans la prise en charge des personnes âgées. Seule différence : leur définition de la vieillesse. Pour eux, c'est avant tout atteindre un certain âge. Et justement, ça commence à 70 ans.
En 2060, 12 millions de personnes de plus de 75 ans
15 millions de personnes âgées de 60 ans et plus vivent en France aujourd'hui. Elles seront 20 millions en 2030 et près de 24 millions en 2060. 5,7 millions de Français sont âgés de plus de 75 ans. Ce chiffre passera à 12 millions en 2060.
25 milliards d'euros par an consacrés à la prise en charge de la dépendance, dont environ 5 milliards pour l'allocation personnalisée d'autonomie (APA).
7 162 établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) existent en France.
4,3 millions de personnes aident un proche dépendant. La majorité d'entre eux y consacrent en moyenne six heures par jour.

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