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samedi 13 juillet 2013

En France, le poids des mots, le choc des labos

11 juillet 2013

Grâce au succès radio de Françoise Dolto, l’écoute de l’enfant a longtemps été privilégiée face aux médicaments.

Françoise Dolto a largement contribué à rendre la psychanalyse fréquentable pour le public français. Grâce (entre autres) à son émission Lorsque l’enfant paraît, les parents dont les enfants sont en souffrance psychique privilégient les thérapies de la parole au lieu d’avoir recours aux médicaments. Aux Etats-Unis en revanche, sous la pression des grandes firmes pharmaceutiques, c’est la psychiatrie biologique qui triomphe.
Le meilleur exemple en est la prise en charge des enfants dits agités. Comment calmer ces enfants-là en cinq secs ? Dans les années 50, apparaît la Ritaline, un médicament de la classe des amphétamines, aussitôt autorisé aux Etats-Unis pour le traitement du comportement chez l’enfant, en particulier ceux qui ont des troubles de l’attention associés à l’hyperactivité.

Et le succès est immédiat. Alors qu’en France on privilégie la parole, aux Etats-Unis, dans les années 70, 100 000 à 200 000 enfants prennent ce type de médicaments, selon les estimations. Vingt ans plus tard, on note encore une très forte progression de la prescription des psychotropes pour les enfants. En 1995, une agence de l’Organisation mondiale de la santé, - l’International Narcotics Control Board - constate ainsi avec effroi que «10 % à 12 % des garçons américains entre 6 et 14 ans sont sous Ritaline». Et, en 2012, au moins 10 % des enfants américains en prendraient. «Le problème, c’est que cela marche bien», nous confirmait récemment le professeur Bruno Falissard, pédopsychiatre à la Maison de Solenn, à Paris. «Je vois beaucoup de parents qui reviennent nous voir, ravis, disant que la Ritaline a transformé leur vie, qu’ils peuvent enfin discuter en famille.»
En France, grâce sans doute à Françoise Dolto, à peine 1 % des enfants sont concernés. Mais c’est en train de changer. Comme si l’influence des thérapies de la parole reculait. Selon le Parisien, une étude réalisée par le labo de recherche Celtipharm montre que le nombre de boîtes de Ritaline vendues a bondi de près de 70 % en cinq ans, passant de 283 700 en mars 2008 à 476 900 en mars 2013. L’âge médian des utilisateurs est tombé de 15 à 13 ans, alors qu’au contraire, le produit se consommant sur plusieurs années, la moyenne d’âge devrait augmenter. Et ce, même si la prescription de ces médicaments est réservée aux seuls spécialistes hospitaliers. Et tandis que la Haute Autorité de santé reste réservée, estimant que«des incertitudes demeurent sur les effets à moyen et long termes du méthylphénidate, notamment en termes d’événements cardiovasculaires, neurologiques et psychiatriques».
Il n’empêche, là où on le prescrit, il faut plusieurs mois avant d’obtenir un rendez-vous. «Pourtant, on ne sait toujours pas comment, d’un point de vue biologique, fonctionne la Ritaline, ironise le professeur Bruno Falissard. Cela reste un mystère neurologique : on prescrit, en effet, à des enfants superactifs un psychostimulant, et cela a pour effet de les… calmer. Un comble !»

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