Dans son rapport sur les charges et produits pour 2014, l'assurance maladie a, pour la première fois, établi une cartographie médicale de la santé des personnes âgées. La progression des polypathologies est sensible chez les plus de 75 ans.
Les propositions relatives à l’évolution des charges et des produits au titre de 2014 de l'assurance maladie faisait figurer pour la première fois une cartographie médicale réalisée à partir de l’objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam). Parmi les objectifs annoncés : brosser un portrait de l’état de santé des personnes âgées, et repositionner la dépense de santé autour de la recherche de la qualité et de l’efficience du système de soins."Sur les 4,8 millions de personnes de 75 ans et plus couvertes par le régime général, 90%, soit 4,3 millions, ont au moins une pathologie ou un traitement chronique", énonce le rapport de l'assurance maladie. Les chiffres confirment le diagnostic des précédents rapports du Haut conseil pour l’avenir de l’assurance maladie : le facteur démographique tiendrait bien un rôle prépondérant dans la croissance des dépenses de soins.
La santé des plus de 75 ans loin derrière celle de la population générale
Jugée "complexe et fragile" par la caisse nationale, la santé des plus de 75 ans a donc fait l’objet d’une analyse poussée. Les données médico-administratives attestent notamment d’un fort décrochage par rapport au reste de la population. Avec 13% de maladie coronaire, 7% d’insuffisance cardiaque, 13% de troubles du rythme et 7% d’AVC sur les cinq dernières années, les plus de 75 ans seraient deux fois plus nombreux que les 65-75 ans à être atteints de pathologies cardiovasculaires (32% contre 16%). Et près de trois fois plus nombreux à présenter des risques de décompensation (3,4% contre 1,1%). Dans le champ des pathologies neuro-dégénératives, l’augmentation de la part des malades est d’autant plus spectaculaire après 75 ans : 13% seraient touchés, contre seulement 3% chez les 65-75 ans. Parmi eux, 9% souffriraient de démences (contre 0.8%), et 3.5% de Parkinson (contre 0.3%).
Enfin, leur santé mentale s’avère également plus vulnérable. Un tiers d’entre eux consommeraient des psychotropes, contre 22% pour les 65-75 ans et seulement 10% pour l’ensemble de la population.
Les poly-pathologies au centre des préoccupations
Au-delà, le rapport insiste sur la forte progression de poly-pathologies et le risque accru de multi-morbidité chronique chez les plus de 75 ans. La tranche d’âge présenterait en moyenne 2,4 pathologies, contre 1,6 chez les 65-75 ans. Aussi, lorsqu’atteints d’une maladie respiratoire chronique, les plus de 75 ans souffriraient - dans 53% des cas – d’au moins quatre pathologies ou traitement chroniques.
Au regard de ces "premiers éclairages", l’assurance maladie entend alors"nourrir la réflexion sur les priorités de santé publique et permettre de mieux appréhender les populations visées". En d’autres termes, affiner les orientations des rapports « Vieillesse, longévité et Assurance maladie » et« Assurance maladie et perte d’autonomie » de 2010 et 2011 en développant le repérage des situations "à risque fort de fragilité" et le suivi de l’état de santé des Personnes âgées en risque de perte d’autonomie (PAERPA). Frédéric Van Roekeghem, directeur général de la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), présentera le rapport à la commission des Affaires sociales ce mercredi 17 juillet.
Agathe Moret
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