L’excision et les mutilations génitales féminines (MGF) commencent à reculer dans le monde mais plus de 125 millions de femmes en sont aujourd’hui victimes et 30 millions de filles pourraient l’être encore au cours de la prochaine décennie, alerte l’UNICEFdans un rapport rendu public ce lundi, mais dont les premières tendances avaient été révélées en février à l’occasion de la journée mondiale « tolérance zéro » contre ces pratiques.
Djibouti, Égypte, Guinée, Somalie
Le fonds des Nations Unies pour l’enfance a étudié les évolutions de ces traditions dans 29 pays d’Afrique et du Moyen-Orient, à partir de plus de 70 enquêtes sur 20 ans. Pour la première fois, il intègre les données recueillies sur les filles de moins de 15, permettant d’effectuer des comparaisons avec leur mère.
Les MGF sont une pratique universelle à Djibouti (93 % des femmes de 15 à 49 ans concernées), en Égypte (91 %), en Guinée (96 %), et enSomalie (98 %). Elles sont aussi très courantes en Érythrée, au Mali, enSierra Leone et au Soudan. Mais elles dépassent les frontières nationales et s’enracinent surtout dans des groupes ethniques, soulignel’UNICEF.
Leur diminution s’observe particulièrement les pays présentant uneprévalence relativement faible comme le Kenya ou la Tanzanie(prévalence respectivement de 27 et 24 %), où les mères ont trois fois plus de risques d’avoir subi des mutilations génitales que leurs filles. De même au Bénin, en Iraq, et au Nigéria, la prévalence de ces pratiques chez les adolescentes a chuté de moitié.
Mais les disparités sont grandes. Si les diminutions des MGF sont peu prononcées en Égypte, Érythrée, Guinée, ou Mauritanie, en revanche, leBurkina Faso (76 % de prévalence) et l’Éthiopie (74 %) enregistrent un fort recul.
Dans la plupart des pays, les femmes souhaitent voir ces pratiques s’arrêter, mais elles ne sont pas les seules. En Guinée, en Sierra Leone, et au Tchad, les hommes sont même plus nombreux à se prononcer contre ces mutilations. Encore une fois, la diversité prime. En Tanzanieet au Sénégal, la proportion de femmes en faveur des MGF reste stable.
Penser ethnie et groupe social
Dans ses recommandations, l’UNICEF insiste sur les différences entre les groupes de population indépendamment des frontières des pays et appelle les gouvernements à adapter leurs plans nationaux selon les territoires et les ethnies et à collaborer avec les pays voisins et la diaspora.
Parce que le motif le plus couramment avancé pour faire perdurer lesMGF est le sens de l’obligation sociale, l’UNICEF incite ensuite à jouer sur les attentes des groupes sociaux, et même à soumettre ces pratiques à l’examen du grand public, pour les faire sortir de la sphère privée.
L’agence de l’organisation des nations Unies appelle enfin à améliorer l’engagement des hommes contre ces pratiques et à promouvoir le statut des filles.
› COLINE GARRÉ
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