Dans un article publié ce jour, la revue « BMJ open » dresse le palmarès des erreurs médicales les plus souvent reprochées aux généralistes dans le monde. Les erreurs ou retards diagnostiques arrivent en tête suivis par la iatrogénie médicamenteuse.
Passé à côté du bon diagnostic … Pour de nombreux médecins l’erreur ou le retard diagnostique constitue l’une des principales bêtes noires du métier. A juste titre confirme une étude publiée ce jour dans le « BMJ open » qui montre que ce type d’erreur arrive en tête des motifs de plaintes en soins primaires.
Les auteurs ont passé au crible 34 publications internationales (dont 2 françaises) s’intéressant aux principales erreurs médicales ayant conduit à la mise en cause d’un praticien de soin primaire.
Cancers infarctus et méningite
Résultats : dans toutes ces études, la grande majorité des mises en cause (26 à 63%) concernent des erreurs ou retards diagnostiques. Avec dans le trio de tête des pathologies passant à l’as, les cancer ( sein, poumon, colon , mélanome), les infarctus et la méningite. Viennent ensuite l’appendicite, les grossesses ectopiques et les fractures chez l’adulte ; la déshydration et les dysplasies congénitales de hanches chez l’enfant de moins de 2 ans ; les pneumopathies, les appendicites, les cancers et les torsions de testicules chez les plus grands. Le plus souvent ces retards diagnostics sont imputables soit à un défaut d’examen clinque ou d’interrogatoire soit à la non prescription ou à la mauvaise interprétation d’examens complémentaires.
Responsabilité partagée
Par ailleurs, « dans la plupart des cas, ces erreurs diagnostiques sont multifactorielle et mettent en jeu plusieurs intervenants, soulignent les auteurs. Par exemple, dans 43% des cas, 2 cliniciens ou plus étaient impliqués tandis que dans 16% des cas 3 cliniciens ou plus avaient contribué à l’erreur ».
Ces résultats confirment donc au niveau international ce que les données issues du Sou Médical avaient déjà montré en France. Avec en 2011, près d’un tiers (115) des 387 généralistes sociétaires mis en causes attaqués pour un problème de diagnostic.
En revanche, alors qu’en France, les défauts de prise en charge talonnent les erreurs diagnostiques (82 cas sur 387), l’étude du BMJ place, elle, la iatrogénie pharmacologique au 2ème rang des causes de litiges. Prescription de médicaments contre indiqués, erreurs de dosage, survenue d’effets indésirables, etc. Au total jusqu’à 20% des litiges sont attribuables dans cette étude à une erreur médicamenteuse contre seulement 1 sur 10 dans le rapport du sou médical.
Ni trop ni trop peu
Même si les erreurs médicales donnant lieu à plainte ne reflètent qu’imparfaitement l’ensemble des erreurs médicales, ces données « mettent en lumière les points sur lesquels devraient porter prioritairement les stratégies de formation et de management du risque visant à promouvoir la sécurité du patient », estiment les auteurs. Tout en mettant en garde contre l’écueil de la surmédicalisation. Selon une étude du JAMA, presque la moitié (42%) des médecins américains estime d’ores et déjà que leurs patients reçoivent trop de soins. Un état de fait lié semble-t-il , à la peur de l’erreur médicale et à la crainte de poursuites judiciaires…
Bénédicte Gatin
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