15 juillet 2013
Partout en Europe, en ce mois de juillet, s’élaborent les budgets des Etats. L’heure est à l’austérité, à la rationalisation de la dépense publique, aux coupes budgétaires claires. Partout en Europe, monte la tentation du repli qui frappe aujourd’hui sévèrement l’aide publique au développement, en recul sous l’effet de la crise économique (1).
Le gain d’un tel repli est illusoire et dérisoire. Les citoyens européens - qui estiment, pour 85% d’entre eux, que l’Europe devrait continuer à aider les pays en développement malgré la crise économique - l’ont bien compris (2).
L’investissement de l’Europe dans le fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est l’exemple même de ce qu’elle fait de mieux quand elle choisit d’exprimer ses valeurs et de les partager au sein d’une organisation internationale multilatérale innovante. En apportant près de la moitié de ses ressources, elle est aujourd’hui le principal bailleur du fonds mondial qui, par ses résultats remarquables, sa gouvernance et sa capacité d’adaptation rapide, constitue le prototype d’une organisation internationale efficace.
Fin 2012, grâce aux financements accordés par le fonds mondial dans les pays bénéficiaires, 4,2 millions de personnes ont reçu des traitements antirétroviraux, 9,7 millions de nouveaux cas de tuberculose ont été détectés et traités, et 310 millions de moustiquaires de longue durée imprégnées d’insecticide ont été distribués.
Ces interventions essentielles ont un impact décisif et permettent d’éviter la mort de millions de personnes. En 2015, lorsque les pays les plus riches de la planète feront le bilan des Objectifs du millénaire pour le développement, il est plus que probable que les seuls objectifs atteints soient ceux qui concernent la lutte contre les maladies infectieuses et cela, sans nul doute, grâce à l’action du fonds mondial.
Alors même que nous vivons aujourd’hui un moment historique de la lutte contre ces trois maladies grâce aux avancées scientifiques et programmatiques de ces dernières années, l’engagement de l’Europe et sa volonté politique ne peuvent fléchir.
Ce moment est unique et fragile. Le temps de la décision est court et l’attentisme ainsi que des engagements en demi-teinte facilitent la résurgence des maladies infectieuses qui se nourrit des situations de faiblesse.
Pour que l’Europe reste exemplaire dans la lutte contre ces trois maladies, il est primordial qu’elle accroisse sa contribution au fonds mondial. Certes, c’est d’abord une question d’engagement moral envers les populations affectées par ces maladies, mais nous avons également de très bonnes raisons économiques et politiques de soutenir nos investissements dans le fonds.
Nous savons que la santé, notamment en Afrique, est un facteur déterminant de la croissance économique des pays. Elle assure le meilleur retour sur investissement que nous puissions espérer et les investissements faits dans le fonds mondial, au regard des résultats et des impacts obtenus sont parmi les plus rentables, qu’il soit possible de faire actuellement. Dans le contexte de crise économique et financière que nous connaissons, l’Europe ne peut trahir ses propres valeurs, ses propres intérêts et les espérances des pays en développement, notamment de l’Afrique, où se jouera en partie la sortie de la crise sans se trahir elle-même. L’exigence de la décision en fait aussi sa noblesse. Nul doute que l’Europe soit au rendez-vous de l’Histoire.
(1) - 2,7% en valeur réelle en 2011, par rapport à 2010. (2) Eurobaromètre 2012.
(*) Dont : Laurent Vigier, président des Amis du fonds mondial Europe, Heidemarie Wieczorek-Zeul, députée, ancienne ministre de la Coopération d’Allemagne, Charles Goerens, député européen, ancien ministre de la Coopération du Luxembourg,Norbert Neuser, député européen, Stefano Vella, directeur de recherche à l’Institut supérieur de la santé d’Italie, Robert Sebbag, vice-président «Accès aux médicaments» de Sanofi, membres du conseil d’administration des Amis du fonds mondial Europe.
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