18 juillet 2013
La prochaine fois que vous songerez à partir en vacances au Royaume-Uni et à en profiter pour vous faire poser une hanche artificielle, des seins plus rebondis ou vous faire soigner la prostate, le tout aux frais de la princesse par le biais du National Health Service (NHS), le service de santé public, réfléchissez-y à deux fois. C’est ce qu’a déclaré en substance début juillet le ministre britannique de la Santé, Jeremy Hunt, en des termes peut-être un peu plus choisis. Il a ainsi annoncé un audit sur l’impact financier du «tourisme médical» sur le NHS. Et proposé une série de mesures pour y mettre fin. «Nous avons un service de santé national gratuit, il ne s’agit pas d’un service de santé international gratuit», avait déjà prévenu en mars le Premier ministre, David Cameron. Jusqu’à présent, toute personne présente au Royaume-Uni et se rendant chez un médecin généraliste ne payait pas de consultation. A l’hôpital, pour les patients issus de pays non membres de l’Union européenne, des frais sont imposés mais sont, dans la pratique, rarement récupérés.
Selon les propositions du gouvernement, tout étranger, hors UE et résident au Royaume-Uni pour un maximum de cinq ans, serait soumis à une charge de 200 livres par an (environ 232 euros). Cette somme ne couvrirait pas certains traitements comme l’insémination artificielle, la chirurgie esthétique, les transplantations d’organes. Parallèlement, les consultations chez le general practitioner (le médecin généraliste) deviendraient payantes. Le NHS est l’un des systèmes de santé «les plus généreux au monde, mais ouvert aux abus de ceux qui veulent profiter du système», a déclaré le ministre Jeremy Hunt. Le problème est que le véritable impact financier de ce fameux tourisme de la santé est totalement inconnu, dans la mesure où il n’existe à l’heure actuelle aucune statistique fiable sur le sujet. Le ministre de la Santé l’a admis, son coût varierait entre 12 millions et 200 millions de livres par an.
Le projet ne fait pas l’unanimité et plusieurs médecins ont d’ores et déjà avancé l’hypothèse que le gouvernement utiliserait ce prétexte pour renforcer sa politique de contrôle de l’immigration. Et se sont dits opposés à ce que leurs cabinets deviennent des succursales des services d’immigration. «Ma première responsabilité concerne mon patient - je ne lui demande pas d’où il vient ou s’il a une carte de crédit et s’il peut payer», a ainsi déclaré la docteure Clare Gerada, présidente du Royal College of General Practitioners, l’organisation représentative des médecins généralistes. D’autres critiques ont également avancé le risque sanitaire qu’une telle décision impliquerait. Si des personnes étrangères porteuses d’une maladie contagieuse se dispensaient d’une visite chez le docteur parce qu’elles ne souhaitaient ou ne pouvaient pas payer, comment prévenir alors la contamination ?
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