La Fédération hospitalière de France, MG France, l'Ordre national des infirmiers et le Collectif interassociatif sur la santé ont salué globalement ou sur des points précis le rapport Cordier rendu dans le cadre de la Stratégie nationale de santé. Mais pour le Réseau santé environnement, la copie est à revoir.
Installé le 8 février dernier, le comité des Sages a remis courant juin au Premier ministre Jean-Marc Ayrault son rapport dans le cadre de la Stratégie nationale de santé que doit mettre en place prochainement le gouvernement. Non rendu public de manière officielle, ce rapport a "fuité" de manière officieuse dans la presse, nos confrères d'Espace social européen le rendant public ce 15 juillet (lire nos sujets du 15/07/2013 et du 15/07/2013). Dès ces conclusions diffusées, les réactions dans le monde de la santé ne se sont naturellement pas fait attendre. La Fédération hospitalière de France (FHF) salue un "rapport ambitieux" et indique avoir pris connaissance avec intérêt de ses recommandations. Elle salue l’ensemble des recommandations qui figurent dans ce document même si elle déplore "une argumentation qui mériterait parfois d’être allégée". Les Sages réaffirment que tout système de santé durable ne peut être construit que sur des bases pérennes et détentrices, par nature, des missions de service public. "L’hôpital public permet de garantir de tels objectifs à condition d’être ouvert aux autres acteurs du service public de santé", souligne la FHF, pour laquelle "c’est le contraire d’une volonté hospitalo-centriste !".
Hospitalo-centrisme en débat
La FHF se déclare "prête à accompagner les pouvoirs publics si le gouvernement décidait de donner corps aux recommandations" du comité présidé par Alain Cordier. Elle soutiendra en tout premier lieu l’idée d’une nouvelle gouvernance du système de santé, "seule manière de donner corps aux ambitions affichées dans ce rapport". Elle regrette néanmoins que la définition d’une "Stratégie nationale de santé" n’ait pas précédé la conclusion d’un "Pacte de confiance", dont les conclusions ont été rendues en mars au ministère (lire notre sujet du 04/03/2013), ce qui aurait permis de "donner à celui-ci plus de cohérence et d’efficience au bénéfice des patients".
Pour le syndicat de médecins généralistes MG France, le rapport fait une synthèse de ce qui est "aujourd’hui consensuel entre tous les experts de notre système de santé, et unanimement réclamé : la double nécessité de recentrer notre système de santé sur l’organisation des soins de santé primaires en proximité de la population, et de réintroduire de la cohérence dans sa gouvernance politique". Le syndicat salue la pertinence de cette démarche.
Ce rapport doit ouvrir la voie à une "réforme aussi importante que celle initiée pour l’hôpital par Robert Debré en 1958, celle des soins primaires", estime MG France. "Il est temps, aujourd’hui, face aux soins hospitaliers, de corriger le déséquilibre du système de santé français et de recentrer résolument ce dernier vers les soins de proximité", appuie-t-il. Le syndicat enjoint donc les responsables politiques de se saisir en urgence de cette feuille de route pour mettre en place cette "réforme indispensable".
Les infirmiers se veulent en 1ère ligne
L’Ordre national des infirmiers estime pour sa part que la profession infirmière devra "être au coeur de la réforme". Il se "félicite" de retrouver parmi les recommandations des Sages le développement de nouvelles compétences pour les soignants, la reconnaissance du métier d’infirmier clinicien et la "masterisation" de la formation infirmière et se réjouit ainsi de voir les propositions qu’il porte depuis plusieurs années reprises. "Favoriser la nécessaire évolution de la profession d’infirmier pour un enrichissement de ses missions, c’est améliorer l’accès aux soins de tous les Français, c’est renforcer la sécurité des soins et adapter le système de santé aux évolutions et aux attentes de la société", souligne Didier Borniche, président de l’Ordre, dans un communiqué le 17 juillet.
Pour le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), les conclusions des Sages dessinent une approche globale : "elles ouvrent vers un authentique système de santé et elles prônent le passage à l’échelle dans des parcours de soins que les patients attendent". Cependant, ils s'étonnent de la manière curieuse dont ont été connues ces conclusions, fuitant en début de matinée, puis suivies d'un communiqué de presse du ministère en fin d’après-midi. "Nous ne ferions rien de telles conclusions ? Ni États généraux, ni assises, ni groupes de travail. Ce serait un grand malheur", prévient le CISS. Il relève que pour la première fois depuis 2002, un rapport public traite avec égard la question de la démocratie sanitaire, avec "une compréhension fine de l’inéquitable traitement des associations d’usagers dans un processus qui concerne tous les acteurs". "Le rapport montre bien que des ajustements sont nécessaires et ne sauraient se résumer à la question trop limitée de la place des représentants des usagers à l’hôpital", souligne le collectif, pour lequel la démocratie sanitaire pose la question de la représentation des usagers dans toutes les instances, avec les moyens publics adaptés puisqu’il s’agit d’une mission de service public.
Quid de la prévention des maladies chroniques ?
Seule voix clairement discordante, celle du collectif d'associations Réseau santé environnement (RES). Dans un communiqué le 18 juillet il rappelle que l’état de santé d’une population dépend aussi de la prévention des maladies et de l’éducation à la santé, mais que la France ne consacre que 2% de ses dépenses de santé à la prévention. Le texte des Sages, bien qu’intitulé "pour un projet global", n’a pas répondu à cette commande, estime le RES. "On cherche en vain dans le constat une indication sur la situation sanitaire de la France, aucune référence n’est faite à l’épidémie de maladies chroniques si ce n’est au travers de la prise en charge par un parcours de soins coordonné (...) ni sur les causes des maladies", poursuit-il. Pour le Réseau santé environnement, il est "encore temps de revoir la copie et d’organiser une véritable consultation sur la crise sanitaire et sur les moyens d’y faire face, en agissant sur ses causes et en organisant le soin en conséquence". "Il est temps d’avoir une réflexion globale pour engager la 2e révolution de santé publique", estime le RES, sinon à courir le risque, dans le cas contraire, que la situation sanitaire ne fasse "imploser notre système de santé"...
Caroline Cordier
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