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vendredi 30 novembre 2012

Selon le Conseil de l'Europe, un usage abusif de l'isolement dans les hôpitaux psychiatriques français

LE MONDE | 
Bien, mais insuffisant. Dans son rapport publié jeudi 19 avril, le Comité de prévention de la torture (CPT), organe du Conseil de l'Europe, relève des dysfonctionnements dans les unités de psychiatrie qu'il a visitées: port systématique du pyjama, patients en hospitalisation libre accueillis en pavillon fermé et, souvent, recours abusifs à l'isolement et à la contention.
SOUS CONTENTION COMPLÈTE PENDANT 48 HEURES
Le Comité a ainsi constaté que les détenus transférés à l'hôpital pour des soins étaient "presque systématiquement" mis en chambre d'isolement dans les services de psychiatrie générale, toute la durée de leur séjour, et le plus souvent sous contention complète (bras, jambes, abdomen immobilisés) pendant les premières quarante-huit heures, voire jusqu'à la fin. Une mesure dictée pour des raisons de sécurité, et non par leur état clinique, relève-t-il, appelant la France à adopter des mesures permettant l'accès aux soins pour toute personne incarcérée ne pouvant être accueillie en unité hospitalière spécialement aménagée.
Pour les autres patients aussi, de telles pratiques, adoptées pour prévenir une phase d'agressivité, posent problème au CPT. Déjà, il avait recommandé plus d'encadrement. Malgré la mise en place de protocoles, le recours à l'isolement varie fortement d'un hôpital à l'autre, ce qui entraîne des dysfonctionnements. A l'hôpital Paul-Guiraud (Val-de-Marne), en psychiatrie générale, la moitié des dossiers examinés par le CPT bénéficiaient d'une "autorisation générale" de mise en isolement donnée au préalable au personnel par les médecins. Le rapport note également une surveillance hétérogène des patients à l'isolement, avec parfois des rondes toutes les deux ou trois heures: "Il est peu étonnant qu'un certain nombre de patients se soient plaints d'avoir fait l'expérience de situations humiliantes", note le CPT, citant des difficultés d'alimentation et des incontinences urinaires et fécales.
UNE ANXIÉTÉ ACCRUE
Le rapport critique aussi la mise en isolement en attendant un placement en unité pour malades difficiles, pendant des périodes pouvant aller jusqu'à six mois, souvent sous contention complète. Une autre pratique est condamnée, cette fois dans l'unité de soins intensifs psychiatriques du centre Le Vinatier (Rhône): la présence des instruments de contention dans les chambres d'isolement. Des patients ont affirmé que cela a accru leur anxiété.
Dans sa réponse, le gouvernement estime que des améliorations sont en cours, en matière d'accueil et de traçabilité. Il indique vouloir inviter la Haute Autorité de santé à redéfinir les règles d'isolement et de contention. Une façon, au moins, de reconnaître le problème.

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