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vendredi 30 novembre 2012

Le psychiatre peut-il jouer au passeur ?
Publié le 13/11/2012
Pour priser le titre de cet éditorial de l’Australian & New Zealand Journal of PsychiatryPlaying the ferryman (Jouer le [rôle du] passeur), il faut se souvenir du mythe de Caron [1] (le « nocher des Enfers » faisant transiter les mânes des défunts vers le royaume des morts) et apprécier la paronymie entre « play » (jouer) et « pay» (rétribuer) en le rapprochant d’une série télévisée de la BBC Who pays the ferryman? (Qui paie le passeur ?) dont le générique musical [2] (dû au compositeur grec Yannis Markopoulos) fut célèbre vers 1978.
Comme ce préambule le suggère, ce texte concerne la question épineuse de l’euthanasie, ou plus précisément de « l’assistance médicale à la mort » (physician-assisted dying, ou physician-assisted suicide).

Et sans surprise, les thèmes principaux jalonnant les réflexions de l’auteur sont les mots « Loi » (law) et « Morale » (ethics), avec l’évocation de certaines affaires judiciaires à ce propos. Car faciliter un suicide reste interdit en Australie : « Bien que le suicide et la tentative de suicide ne soient plus considérés comme des crimes, l’aide au suicide demeure une infraction. » Celle-ci semble encore plus caractérisée (moralement ou/et juridiquement) quand elle concerne un médecin dont la mission première est bien sûr de promouvoir la santé, donc la vie. Mais d’un autre côté, les souffrances de certains malades sont parfois si terribles qu’une motivation compassionnelle paraît compréhensible, au cas par cas. D’ailleurs, dans plusieurs décisions de justice, les tribunaux australiens ont affirmé récemment « les droits du patient à récuser un traitement médical » lourd (ventilation mécanique, dialyse) ou simplement à refuser de s’alimenter (comme c’est le cas dans l’anorexie mentale ou les grèves de la faim), « même si ces refus doivent entraîner la mort du patient. »
Dans ce débat difficile, estime l’auteur, il serait en tout cas « avisé de demander l’avis d’un expert psychiatre » pour préciser la « capacité (mentale) de la personne » à disposer de sa propre vie. En effet, quand une décision de se laisser mourir est prise, il faudrait s’assurer déjà que la volonté de l’intéressé n’est pas altérée « par un délire ou une dépression », des pathologies « très communes en fin de vie, mais dont le diagnostic échappe souvent à des observateurs sans expérience en psychiatrie. »


Dr Alain Cohen

Ryan CJ : Playing the ferryman: psychiatry’s role in end-of-life decision-making. Australian & New Zealand Journal of Psychiatry 2012; 46 : 932–935.

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