Prix « plancher pour l’alcool », une mesure de santé publique ?
Publié le 16/11/2012
Faut-il payer plus pour boire moins ? Confirmant ainsi les rapports étroits que la médecine présente avec d’autres domaines comme l’économétrie[1], les éditorialistes du British Journal of Psychiatry évoquent l’incidence du prix de l’alcool sur la problématique médicale et sociétale imputable aux « ravages de l’alcoolisme » (comme disaient les hygiénistes du XIXème siècle).
Le Royaume-Uni a connu en effet, durant ces trente dernières années, une « augmentation spectaculaire » de la consommation d’alcool (illustrée notamment par le phénomène de « binge drinking »[2] chez les jeunes) et, parallèlement, des méfaits liés à l’intempérance. Face à ce grave problème de société, les autorités ont longtemps considéré la taxation de l’alcool comme une clef du contrôle des méfaits liés à l’alcoolisme. Mais pour freiner la consommation des plus gros buveurs, on estime désormais qu’il serait préférable de cibler surtout le prix des boissons alcoolisées les moins chères.
Bien que la démarche prônant la fixation d’un prix minimal résulte davantage de « considérations basées sur des modèles économétriques complexes » que de données empiriques, les juridictions du Royaume-Uni estiment désormais illégale toute vente d’alcool à prix cassé (au-dessous d’un prix fixé). Les auteurs rappellent que « depuis le milieu des années 1980 jusqu’en 2008, les gouvernements successifs du Royaume-Uni ont été réticents à augmenter les droits d’accise[3] sur l’alcool. »
Conjointement avec la « domination croissante » des grandes chaînes de supermarchés dans les ventes d’alcool, cette politique a contribué à faciliter l’accès aux boissons alcoolisées aux consommateurs, avec des conséquences évidentes pour la santé publique. Face à la nécessité de renverser cette situation très préoccupante, on va donc « lancer d’urgence », outre-Manche, une « planification pour l’introduction d’un prix plancher de l’alcool. » Sur le même thème, rappelons que les députés français viennent d’adopter une augmentation des droits d’accise sur la bière, dans le cadre du projet de loi de finances de la Sécurité Sociale (PLFSS).
Dr Alain Cohen
[1]http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conom%C3%A9trie [2]http://fr.wikipedia.org/wiki/Binge_drinking [3]http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_d'accise Rice P et Drummond C : The price of a drink: the potential of alcohol minimum unit pricing as a public health measure in the UK. Br J Psychiatry 2012; 201: 169–171.
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