Il et elle, troisième personne singulière
Qui dit «je». Le festival des idées Mode d’emploi à Lyon propose débats, lectures, performances... sur des questions d’identité et de sexualité.
Jeanne Mordoj dans son spectacle "Eloge du poil" le 27 novembre 2007 à Bordeaux. - AFP
Serge était cadre dans une grande entreprise. Il a mené un plan de licenciement, puis un deuxième. Au troisième, il s’est mis en premier sur la liste. Il s’est autolicencié.
Depuis, Serge a un peu plus de temps, il participe désormais aux tâches ménagères. Mais, pour arriver à s’y mettre, Serge a créé Momo. Ce n’est pas lui qui fait la vaisselle, la cuisine, passe le balai, c’est Momo. Il l’aime beaucoup, parfois il a l’impression de ne plus tout à fait le contrôler. Une expérience excitante. Serge témoigne dans Identité(e)s. Ce documentaire réalisé par Olivier Meyrou était diffusé dans le cadre des journées consacrées aux genres et à la sexualité au festival des idées Mode d’emploi, à Lyon (1). Des débats, courts-métrages, installations artistiques, lectures, performances pour s’interroger sur le «Qui dit "je" ?». Mais c’est aussi Lisa, 20 ans, si gracieuse quand elle danse, qui se renferme sur elle-même, persuadée qu’elle est laide et que tous les autres sont beaux. Ou Mathis, 16 ans, homosexuel, qui depuis tout petit se sent différent et a décidé d’assumer. «L’identité de genre se définit à plusieurs niveaux», estime Marie-Edith Cypris, aide-soignante et auteure de Mémoire d’une transsexuelle (PUF), qui participait vendredi soir au débat «Masculin, féminin, faut-il se définir ?». «Certains parlent de la différence corporelle, d’autres de la différence sexuelle, chacun ressent son identité de genre par rapport à des niveaux différents», explique-t-elle. Dans cette affaire, «la pression sociale est considérable», note Christian Flavigny, pédopsychiatre. Auteur de la Querelle du genre. Faut-il enseigner le gender au lycée ? (PUF), cet opposant à l’adoption par les homosexuels est très circonspect sur cette question.«Quelle est cette injonction à se définir ?» s’interroge-t-il, pas certain qu’il existe une conciliation possible entre la pression sociale et la liberté de se définir soi-même.
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