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mardi 15 août 2023

Urgences : les fermetures de services se multiplient cet été

Paris, le vendredi 11 août 2023

De Saint-Tropez à Laval en passant par Maubeuge, de plus en plus de services d’urgences sont contraints de fermer leurs portes, par manque de personnel.

« On ne peut se satisfaire d’avoir des endroits où les urgences restent portes closes la nuit » déclarait le 31 juillet dernier le nouveau ministre de la Santé Aurélien Rousseau pour sa première grande interview en tant que membre du gouvernement. Malgré ce volontarisme affiché, la réalité est implacable : au cœur de l’été, de plus en plus de services d’urgences sont obligés de se contenter d’une offre de soins dégradée et de fermer leurs portes la nuit et les week-ends.

Comme lors de la crise de l’an dernier, ce sont les urgences du CHU de Bordeaux qui ont ouvert le bal en fermant leurs portes la nuit. Mais, alors que de nombreux médecins hospitaliers mais aussi généralistes sont en vacances, augmentant le flux de patients se rendant aux urgences, les services en difficulté se sont multipliés ces derniers jours. A Maubeuge dans le Nord, les urgences pourraient fermer durant les trois derniers week-ends d’août, faute de personnel.

« On a déjà des médecins qui font entre 60 et 72 heures par semaine aux urgences pour éviter de fermer » explique le délégué CGT de l’hôpital. Dans la Mayenne, on applique la régulation : pour se rendre dans l’un des trois services d’urgences du département, il faut préalablement appeler le 15 pour y être orienté. Idem dans La Manche, où les sept services d’urgences ne sont plus accessibles sans régulation.

Urgences fermées à Saint-Tropez

Au-delà du manque chronique habituel de professionnels de santé, la crise de cet été est accentuée par les conséquences de l’entrée en vigueur en avril dernier de la loi Rist, plafonnant la rémunération des intérimaires. De nombreux médecins estiment ce nouveau plafond (1 390 euros brut pour une garde de 24 heures) insuffisant et refusent d’honorer des gardes aux urgences cet été. S’il estime que ce plafonnement est légitime et nécessaire, le Dr Patrick Pelloux, président de l’association des médecins urgentistes de France (AMUF) considère que le plafond de rémunération actuelle n’est pas « suffisamment attractif pour les nuits et les jours fériés ».

Dans les zones touristiques, certains services d’urgence ne parviennent plus à faire face à l’afflux de patients, encore accentué par les fortes chaleurs. Dans la célèbre station balnéaire de Saint-Tropez dans le Var, les urgences vont rester fermées dans la nuit de vendredi à samedi et de mardi à mercredi a annoncé la direction, en raison d’un « manque ponctuel de médecins urgentistes ». Seules les urgences vitales seront acceptées la nuit, après régulation par le 15.

La régulation par le 15, une fausse bonne idée ?

Face à cette crise hospitalière qui perdure et qui semble s’accentuer mois après mois, la réponse du gouvernement reste la même : miser sur la régulation par le 15, transformé petit à petit en un véritable « service d’accès aux soins » (SAS), dispositif lancé en 2019 et qui a vocation à couvrir l’ensemble du territoire d’ici la fin de l’année. Aurélien Rousseau a également annoncé « dans quelques semaines la pérennisation d’un certain nombre de mesures » pour remédier à la crise, sans plus de précision.

On peut donc penser que les revalorisations des gardes et des astreintes, mises en place en principe temporairement l’été dernier, devraient être enfin pérennisés. « Il faut encaisser le coup et ensuite petit à petit on remonte » s’est contenté de commenter le nouveau ministre de la Santé lors d’un déplacement à Sarlat en Dordogne.

Des promesses et des propos d’encouragement qui commencent à agacer le Dr Pelloux. Evoquant une « crise sans précédent », l’urgentiste dénonce « l’abandon de l’architecture du service public », responsable de l’effondrement de l’hôpital public selon lui. « Comme on ne change pas de politique, la crise ne fait que s’aggraver, c’est pathétique » regrette le président de l’AMUF qui estime que la régulation par le 15 est « un échec total ». Alors que le président Emmanuel Macron s’est engagé à désengorger les services d’urgence d’ici fin 2024, le Dr Pelloux estime que cette promesse « n’a aucun sens » et ne sera pas tenue.

Quentin Haroche

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