Par sa profonde lecture de Freud et de Lacan, par la rigueur subtile de son écriture et l’intensité de ses compagnonnages, notamment celui au long cours d’Antonin Artaud (1), le psychanalyste, membre de l’association Le Pari de Lacan, réaffirme « la force insurrectionnelle de la psychanalyse ».
Peut-on parler encore de la psychanalyse ?
Je répondrais oui, s’il s’agit de faire valoir la présence du signifiant « psychanalyse », dont on pourrait montrer combien il a été l’objet de tentatives, avortées, pour l’effacer. Non, en revanche, s’il s’agit de soutenir qu’il existe un ensemble des psychanalystes. Les psychanalystes, qu’ils s’autodésignent tels ou qu’ils soient garantis par une association, forment un inventaire à la Prévert. Autant de psychanalystes, autant d’auberges. À charge pour chacun et chacune d’apprendre à choisir. Dans un livre collectif intitulé « Manifeste pour la psychanalyse », j’ai avancé que l’expérience psychanalytique est « aux innombrables thérapies ce que le voyage dans le temps est à l’achat d’une montre ». Je confirme. La psychanalyse est séparée par une frontière de la psychologie, de la philosophie, de la médecine. Elle promeut, sous forme de pratique inédite, un discours qui la distingue tant de la magie et de la religion que de la science.
La psychanalyse est-elle remise en cause par les neurosciences et les mouvements queers ?
La psychanalyse n’a en fait à craindre ni les neurosciences, qui se contentent de remplacer l’âme par des gènes, ni, dans l’ordre social, les mouvements queers, qui sont plutôt en retard sur elle quant à la récusation d’un monocentrisme masculin. Ces mouvements passent malheureusement à côté, le plus souvent, de ce qui fait le cœur de la découverte freudienne, dont la logique a été extraite par Lacan, à savoir l’impossibilité du langage à représenter le sexe.
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