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jeudi 15 juin 2023

Ifop Sondage : la laïcité à l’école, contestée et mal interprétée

par Cécile Bourgneuf   publié le 15 juin 2023

Le sondage de l’Ifop pour le Comité national d’action laïque, publié ce jeudi 15 juin, note chez les professeurs une définition de moins en moins juste de ce principe, et chez les élèves des incompréhensions régulières.

La laïcité à l’école, voilà un sujet qui cristallise toutes les tensions, sans que tout le monde n’en comprenne bien le sens, enseignants compris. C’est notamment ce qui ressort d’un sondage Ifop pour le Cnal, le Comité national d’action laïque, dévoilé par Libération ce jeudi 15 juin, à l’occasion d’un colloque sur le sujet à Montpellier. Réalisée auprès de 650 enseignants, du primaire au lycée, l’enquête montre que les idées fausses sur la laïcité augmentent depuis 2018, date du dernier sondage du Cnal. Un plan de formation à la laïcité, étalé sur quatre ans, a pourtant été lancé à la rentrée 2021 pour tous les personnels scolaires. Mais ils ne sont qu’un peu plus de 250 000 à avoir pour le moment été formés sur plus d’1,5 million d’agents.

La moitié des répondants définissent la laïcité comme la «garantie par la République de la liberté de conscience de chacun» et 43 % comme «la neutralité de l’Etat par rapport aux religions et aux partis politiques». Mais ces deux bonnes réponses accusent un recul de quinze points par rapport à 2018 tandis que plusieurs mauvaises réponses gagnent du terrain. 31 % des sondés estiment par exemple que la laïcité est synonyme d’absence du religieux dans l’espace public alors que la liberté de conscience est au cœur de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat.

Plus prudents

«Faire vivre la laïcité est une odyssée scolaire», résume Rémy-Charles Sirvent, secrétaire national du Cnal. D’abord parce que les enseignants ont été profondément marqués par l’assassinat de leur collègue Samuel Paty en 2020, après un cours sur la liberté d’expression. L’attentat a une eu une incidence sur leur façon d’aborder ces sujets. Ce qui les rend pour plus de 40 % d’entre eux plus prudents dans la façon d’aborder la laïcité, la liberté d’expression et l’esprit critique. Ensuite, la loi de 2004 sur la laïcité à l’école n’est pas encore comprise par les élèves, mal informés sur le sujet. Le sondage montre qu’ils ne sont pas suffisamment incités à prendre une part active dans la mise en pratique de la laïcité (moins de la moitié y est encouragée), notamment au collège où les actions spécifiques menées pour la Journée de la laïcité le 9 décembre sont plus rares. Encore peu de profs déclarent encourager les élèves en ce sens, et deux tiers d’entre eux ne s’estiment pas valorisés par l’institution quand ils le font.

Conséquence, la loi de 2004 – sur l’interdiction du port de signes ou de tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse – dans les écoles est encore souvent mal interprétée. 57 % des professeurs interrogés disent qu’elle a déjà été remise en cause par des élèves, même pourcentage pour les parents. Mais plus de 20 % des enseignants ajoutent que cela reste rare.

Influencées par l’actualité

Un peu plus de la moitié des profs interrogés déclarent aussi que leurs cours ont déjà fait l’objet de contestations (69 % dans le réseau d’éducation prioritaire), souvent influencées par l’actualité (73 %). Ces contestations restent tout de même rares pour quasiment 30 % des sondés tandis que près de 20 % disent que cela arrive «de temps en temps». Ces contestations concernent principalement les cours d’éducation physique et sportive (47 %), la mixité fille-garçon (38 %) et les cours d’éducation morale et civique.

En éducation prioritaire, «ces contestations d’enseignement et de la loi de 2004 sont plus importantes, remarque Rémy-Charles Sirvent.Ce qui signifie que ce sont dans les zones les plus ségréguées que la revendication religieuse est la plus importante. Voilà pourquoi il faut résolument agir pour améliorer la mixité sociale à l’école». Régulièrement pointées du doigt, notamment depuis qu’elles sont publiées chaque mois par le ministère de l’Education nationale, ces «atteintes à la laïcité» se règlent par le dialogue dans la très grande majorité des cas (94 %).


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