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Hippodrome de Longchamp, Paris, le 23 juillet 2022. Le chanteur Mick Jagger (à g.) et le guitariste Keith Richards, du groupe The Rolling Stones, en concert dans le cadre de leur “Stones Sixty European Tour”. © Bertrand Guay/AFP
Étienne Klein ne peut pas se passer des Rolling Stones. Il a assisté à leur concert parisien, le 23 juillet dernier, et nous explique selon quelles lois physiques paradoxales « les Stones » ne souffrent pas du passage des années. Au contraire !
Keith Richards a composé Gimme Shelter lorsqu’un orage s’est abattu sur Londres, un jour de l’automne 1968, soit peu de temps après l’écrasement du Printemps de Prague, l’assassinat de Martin Luther King et alors que la guerre du Vietnam continuait de faire rage. Voir et entendre aujourd’hui les Stones interpréter ce chef-d’œuvre sur fond d’images de villes ukrainiennes détruites par les bombardements de l’armée russe produit un effet bouleversant : l’histoire ne cessera-t-elle jamais de se répéter ?
Assister cet été à un concert des Stones, à Hyde Park, Lyon ou Paris, c’est découvrir qu’ils ont un point commun avec Albert Einstein, celui de nous avoir appris des choses décisives à propos du temps : le père de la relativité a démontré que le temps physique est relatif et non pas absolu, tandis qu’eux ont d’abord inventé une nouvelle façon d’être jeune, puis une nouvelle façon d’être vieux. Ils arriveraient même à nous faire croire que le cours du temps vécu serait en partie réversible, donnant ainsi empiriquement raison à Marcel Proust :
“Car l’homme est cet être sans âge fixe, cet être qui a la faculté de redevenir en quelques secondes de beaucoup d’années plus jeune, et qui entouré des parois du temps où il a vécu, y flotte, mais comme dans un bassin dont le niveau changerait constamment et le mettrait à la portée tantôt d’une époque, tantôt d’une autre”
Marcel Proust, À la recherche du temps perdu vol. 6 : Albertine disparue (1925)
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