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mercredi 27 juillet 2022

Ces médecins qui quittent l’hôpital : « J’adore mon boulot, mais là, je vais y laisser ma santé »

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Qu’ils se tournent vers le privé ou décident de se reconvertir vers un autre métier, le mouvement n’est pas nouveau. Mais à l’heure où de nombreux hôpitaux souffrent du manque de professionnels de santé, il se fait cruellement ressentir.

« contrecœur », avec un sentiment de « culpabilité », ou sans regret mais en se défendant d’être celui qui « trahit »… Il n’est jamais anodin de partir de l’hôpital public. « Je n’aurais jamais pensé le quitter un jour », semble encore s’étonner Mathieu Mattei, anesthésiste-réanimateur au CHRU de Nancy en chirurgie cardiaque, et en réanimation médicale. C’est un chemin que certains jugeront pourtant classique qu’il s’est résolu à emprunter. Praticien hospitalier depuis 2007, celui qui a également dirigé son service va rejoindre, à compter du 1er janvier 2023, la clinique Claude-Bernard, à Metz.

Que ces médecins se tournent vers le privé ou décident de se reconvertir vers un autre métier, le mouvement n’est pas nouveau et reste difficilement chiffrable. Mais à l’heure où de nombreux hôpitaux souffrent du manque de professionnels de santé, il se fait plus cruellement ressentir.

« contrecœur », avec un sentiment de « culpabilité », ou sans regret mais en se défendant d’être celui qui « trahit »… Il n’est jamais anodin de partir de l’hôpital public. « Je n’aurais jamais pensé le quitter un jour », semble encore s’étonner Mathieu Mattei, anesthésiste-réanimateur au CHRU de Nancy en chirurgie cardiaque, et en réanimation médicale. C’est un chemin que certains jugeront pourtant classique qu’il s’est résolu à emprunter. Praticien hospitalier depuis 2007, celui qui a également dirigé son service va rejoindre, à compter du 1er janvier 2023, la clinique Claude-Bernard, à Metz.

Que ces médecins se tournent vers le privé ou décident de se reconvertir vers un autre métier, le mouvement n’est pas nouveau et reste difficilement chiffrable. Mais à l’heure où de nombreux hôpitaux souffrent du manque de professionnels de santé, il se fait plus cruellement ressentir.

« contrecœur », avec un sentiment de « culpabilité », ou sans regret mais en se défendant d’être celui qui « trahit »… Il n’est jamais anodin de partir de l’hôpital public. « Je n’aurais jamais pensé le quitter un jour », semble encore s’étonner Mathieu Mattei, anesthésiste-réanimateur au CHRU de Nancy en chirurgie cardiaque, et en réanimation médicale. C’est un chemin que certains jugeront pourtant classique qu’il s’est résolu à emprunter. Praticien hospitalier depuis 2007, celui qui a également dirigé son service va rejoindre, à compter du 1er janvier 2023, la clinique Claude-Bernard, à Metz.

Que ces médecins se tournent vers le privé ou décident de se reconvertir vers un autre métier, le mouvement n’est pas nouveau et reste difficilement chiffrable. Mais à l’heure où de nombreux hôpitaux souffrent du manque de professionnels de santé, il se fait plus cruellement ressentir.

« Je ne supporte plus l’ambiance du service, explique simplement le docteur Mattei. Nous sommes deux à partir pour cette raison, sur sept médecins. » En conflit avec sa cheffe de service, avec de fortes tensions depuis bientôt deux ans, il dit avoir alerté au début de l’année les différentes autorités de l’hôpital. « Rien ne s’est passé, on a laissé pourrir la situation, dans une immense inertie », regrette le praticien, qui va rejoindre cet établissement privé où il connaît bien les médecins de son futur service, puisqu’ils viennent tous de son hôpital.

« Il y a peut-être des choses qu’on supporterait sans la fatigue, analyse-t-il. Mais quand on est à flux tendu et que s’ajoute un tel problème relationnel, à un moment, on dit stop. » Avec sept à huit gardes par mois, quelque cent heures supplémentaires, souvent trois week-ends sur quatre travaillés… l’anesthésiste-réanimateur part pourtant « vraiment à contrecœur » : « J’adore mon boulot, je n’ai jamais compté mes heures mais là, je vais y laisser ma santé », dit-il.

L’homme de 46 ans travaillera désormais à mi-temps, avec la même rémunération qu’aujourd’hui. « Je n’ai pas vu grandir mes enfants, dit-il. Je vais profiter de ma famille. » Il est loin pour autant de partir sans savoir ce sur quoi il doit faire une croix : « J’étais en charge de la transplantation cardiaque, j’y tenais beaucoup, mais à un moment on fait des choix. »

« Je ne trahis personne »

C’est l’envie de « monter un nouveau projet » et de « renverser la table » qui anime le professeur des universités et praticien hospitalier Yves Panis, 60 ans. Le départ du chirurgien digestif de l’hôpital Beaujon, en région parisienne, a rencontré un certain écho, puisque le ponte, à l’origine du développement d’un service très spécialisé de chirurgie colorectale, quitte l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) avec cinq autres collègues chirurgiens et gastro-entérologues pour la clinique Ambroise-Paré. Soit un mouvement de Clichy à Neuilly (Hauts-de-Seine), prévu en novembre, afin d’y créer un centre médico-chirurgical des maladies intestinales. « Une nouveauté dans le système français ! », dit-il avec enthousiasme, rappelant qu’il ne lui restait sinon plus qu’à « attendre la retraite » à Beaujon, qui va fermer dans les années qui viennent pour rejoindre le futur hôpital Nord.

« Ce n’est pas une honte, quand même, après trente ans à l’AP-HP, et pas une minute d’activité libérale, de partir… je ne trahis personne,se justifie-t-il encore. L’AP m’a tout donné, mais j’ai l’impression d’avoir aussi beaucoup donné. » Le médecin tient absolument à tordre le cou à cette « fausse idée d’un mercato » entre public et privé, ou encore d’un choix dicté par l’argent. « On me propose zéro euro, répète-t-il. Je devrais avoir à peu près la même rémunération. » Il peut en outre rester fidèle à ses principes, puisqu’il prendra en charge sans dépassement les patients qui en auraient besoin, « au tarif Sécu ou selon leur mutuelle, mais aussi [les bénéficiaires de la] CMU [couverture-maladie universelle] ».

Il le reconnaît néanmoins : ce projet, lui et ses collègues voulaient le mener en priorité dans le public. Mais les discussions intervenues avec des établissements franciliens n’ont rien donné. « J’ai l’impression d’être arrivé au bout d’une histoire, reprend le chirurgien. Il est certain que les difficultés à l’hôpital n’aident pas, les lits fermés, le manque de personnels… on a un peu l’impression qu’il est à bout de souffle et a besoin de se réinventer. »

Symptômes du burn-out

Le déclic, pour l’urgentiste Julien Lacoste, est intervenu dans un tout autre contexte, quand un patient l’a frappé lors d’une garde récente, au CHU de Rennes. Un événement qu’il raconte de façon presque anodine, dans un service où la violence n’est pas nouvelle, et qu’on minimise souvent. « J’étais fragile, c’était juste le truc de trop », souligne-t-il. Sa décision était prise de longue date, il lui fallait juste le temps de réussir à sauter le pas. « Mon métier est très enrichissant et l’hôpital public, j’y suis très attaché, c’était un choix, une conviction, pour l’accès pour tous à la santé », résume-t-il.

Mais après plus d’une décennie aux urgences, à Vitré (Ille-et-Vilaine), puis à Rennes, le Toulousain d’origine, 41 ans, a décidé de raccrocher sa blouse, le 28 juillet. Il s’y était résolu après trois semaines d’arrêt pour « épuisement professionnel », au sortir de la première vague de Covid-19, en 2020. Afflux de patients, effectifs médicaux moins nombreux… la situation n’a fait que s’aggraver depuis, sans compter un conflit avec la direction de l’hôpital pour obtenir plus de postes. « On nous renvoie l’image qu’on râle tout le temps, qu’on serait des “divas”…  », lâche-t-il avec écœurement.

Dans un discours quasi clinique, il le reconnaît : difficile de ne pas voir chez lui des symptômes du burn-out, avec cette fameuse « boule au ventre » en venant au travail ou cette altération du sommeil. Son passage à 60 %, il y a un an et demi, « pour ne pas se cramer et voir ses enfants », n’a pas suffi : « C’est un métier que j’ai beaucoup trop ramené à la maison, il prend une place que je ne veux plus lui donner », estime le médecin.

Ce qui ne l’empêche pas d’être traversé encore par un sentiment de culpabilité. « Je sais que j’enlève un médecin à un système qui n’a pas besoin de ça, dit-il. Mais il faut que je fasse une pause, peut-être définitive… j’étais peut-être pas fait pour ça finalement. » Pour l’instant, il va tourner la page, après avoir suivi une formation en métier du livre : « J’aimerais ouvrir une librairie. » Comme ses deux confrères qui se dirigent vers le privé, lui aussi a posé une disponibilité, ne fermant ainsi pas totalement la porte à un retour en arrière.


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