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mardi 28 juin 2022

Edito Pénurie de personnel en crèche: de bonnes raisons de s’inquiéter

par Lauren Provost   publié le 27 juin 2022

Plutôt que de places dans les structures, c’est de la place des enfants et des professionnelles les accompagnant qu’il faut parler.

Apprendre que l’on attend un enfant en France, c’est se demander dans les heures qui suivent la nouvelle : «A partir de quand doit-on s’y prendre pour la place en crèche ?» Comment en vouloir aux futurs parents angoissés quand on sait que la France ne dispose que de 21 places en crèche pour 100 marmots ? S’ils demandent une place, seuls la moitié d’entre eux obtiendront le précieux sésame. Et s’ils en décrochent une, tout va bien ? Détrompez-vous ! C’est peut-être à partir de ce moment-là que les ennuis commencent.

Le manque de places est loin d’être le souci majeur de la garde d’enfant aujourd’hui. Comme dans les hôpitaux, ces établissements sont à l’os et manquent désespérément de bras. «Vu nos effectifs actuels, on ne peut pas bien s’occuper de vos enfants», mettent en garde certaines professionnelles du secteur. Glaçant. Après s’être rongé les sangs dans l’attente d’une réponse positive, avoir parfois déboursé des milliers d’euros en nounou, trouvé un arrangement avec une autre famille ou dû renoncer à une activité professionnelle (et c’est trop souvent celle des femmes qui trinque), voilà que les parents «acceptés» doivent doublement s’inquiéter.

S’inquiéter pour leur bébé : accueilli en surnombre, dans une surface minimale par enfant réduite, gardé par des intérimaires et des personnes sans diplôme ni expérience auprès de jeunes enfants dans les zones les plus en tension.

S’inquiéter pour les femmes qui le gardent : épuisées de porter des gosses et un système défaillant à bout de bras, dégoûtées au point de claquer la porte d’une profession sans qu’une augmentation salariale ne puisse les retenir.

Plutôt que de places en crèche, c’est de la place des enfants et des professionnelles les accompagnant qu’il faut parler. Un accueil de qualité pour nos enfants doit aller de pair avec la valorisation des métiers de la petite enfance : formation, conditions de travail, salaires… Nous manquons cruellement de maturité à ce sujet.


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