Il est de ces petits signaux qui peuvent en dire long sur la situation économique d’un pays. Depuis six mois, la confiance des ménages français dégringole dans un contexte marqué par la guerre en Ukraine et le retour d’une inflation durable entretenue par la flambée des prix de l’énergie. Avec un niveau de 82 en juin constaté par l’Insee, elle s’étiole encore de trois points par rapport au mois précédent. Surtout, elle reste bien en-deçà, de 18 points précisément, de sa moyenne de longue période (100 entre 1987 et 2021). Un si faible niveau n’avait même pas été constaté pendant les différents confinements ni pendant la crise des gilets Jaunes. Il faut plutôt se référer à la crise financière de 2008 ou à celle des dettes souveraines en zone euro en 2013 pour retrouver de tels étiages. Même l’élection présidentielle, traditionnel moment de regain de confiance, n’a eu cette année aucun effet.
Cet indice sur la confiance des ménages est composé de plusieurs indicateurs, comme le solde d’opinion relatif à leur situation financière personnelle passée et future, à leur capacité d’épargne, ou à l’opportunité de faire des achats importants. Ce dernier sujet «est le plus prédictif pour la consommation, remarque Julien Pouget, le chef du département de la conjoncture à l’Insee. C’est un point de vigilance actuellement car il est bas, et il fait écho au climat des affaires dans le commerce de détail qui s’est dégradé depuis la guerre en Ukraine. Ces deux éléments laissent présager une consommation peu allante sur le reste de l’année».
«Un comportement de fourmi des ménages»
Le retour de l’inflation à des taux inconnus depuis des décennies (la moyenne de 5,5 % attendue sur l’année par l’Insee n’a pas été constatée depuis 1985) ne fait néanmoins pas dévisser les indicateurs d’opinion concernant la capacité d’épargne actuelle et future des ménages. Ils baissent certes, mais restent supérieurs à leur moyenne de longue période. Pour l’instant. «Nous pourrions assister à une fuite devant la monnaie, avec des ménages qui préféreraient consommer aujourd’hui plutôt que demain quand les prix seraient plus élevés. Au lieu de cela, nous constatons un effet d’attentisme, et une volonté de préserver la valeur réelle de l’épargne. Les réponses à l’enquête suggèrent plutôt un comportement de fourmi que de cigale», ajoute Julien Pouget.
Les ménages français ne sont pas les seuls à avoir le moral qui flanche. Cette perte de confiance générale atteint les autres membres de la zone euro. En Allemagne, où l’inflation a avoisiné les 8 % en mai, l’indice du moral des ménages, calculé par l’institut Gfk, prévoit un plus bas historique depuis le début de cette série en 1991. Il serait constaté en juillet.
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