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dimanche 27 mars 2022

Recherche Contraception masculine: le développement d’une pilule sans hormones marque une «avancée très importante»

par Line Chopin  publié le 25 mars 2022 

Des chercheurs américains ont mis au point une pilule contraceptive masculine. Contrairement à d’autres essais réalisés par le passé, ce prototype ne contient pas d’hormones, et n’entraînerait pas d’effets secondaires.

La pilule masculine va-t-elle enfin voir le jour ? C’est en tout cas ce à quoi s’attelle une équipe de chercheurs américains, qui a annoncé mercredi avoir développé une pilule de contraception à destination des hommes. Testée pour l’heure uniquement sur des souris, elle atteint une efficacité de 99%. Les essais sur l’homme sont programmés pour la deuxième partie de 2022.

S’ils s’avèrent concluants, une commercialisation pourrait être envisagée d’ici cinq ans. Micheline Misrahi-Abadou, professeure de biochimie et biologie moléculaire à l’université Paris-Saclay, salue une «avancée très importante». Jusqu’alors, les tentatives de développement d’une pilule masculine étaient peu prometteuses et utilisaient des techniques hormonales. «On a beaucoup essayé la testostérone chez l’homme, qui a un effet inhibiteur sur l’axe de contrôle de la spermatogenèse [le processus de fabrication des spermatozoïdes, ndlr]», développe Micheline Misrahi-Abadou, également référente nationale pour les infertilités génétiques à l’hôpital Bicêtre. «Mais les essais montraient qu’il y avait des complications, et qu’on n’arrivait pas à complètement inhiber la spermatogenèse», reprend-elle.

«Extrêmement prometteur»

Les chercheurs américains, eux, ne font pas appel aux hormones, mais à un composé chimique. Dans le corps, la formation des spermatozoïdes se fait grâce à l’acide rétinoïque, un dérivé de la vitamine A. Mais pour jouer ce rôle, l’acide rétinoïque a besoin d’un élément : un récepteur dit «alpha». «La nouveauté, c’est que les chercheurs ont réussi à obtenir une molécule qui bloque uniquement ce récepteur alpha», explique Micheline Misrahi-Abadou, alors que les molécules trouvées par le passé pouvaient atteindre d’autres récepteurs et entraîner des effets secondaires. Cette nouvelle pilule permet donc de bloquer l’action du récepteur, et donc la formation des spermatozoïdes. «C’est extrêmement prometteur, se réjouit Micheline Misrahi-Abadou. Ce qu’il faut vérifier maintenant, c’est l’efficacité et la réversibilité sur le long terme.» La professeure estime que cette technique pourrait même ouvrir la voie à une nouvelle méthode de contraception pour les femmes, qui suivrait la même logique.

Anneau testiculaire et slip chauffant

Erwan Taverne est quant à lui cofondateur de l’association Garçon, le «Groupe d’action et de recherche pour la contraception masculine». S’il salue les avancées américaines sur la pilule masculine, il souligne l’importance des autres moyens de contraception à destination des hommes. «On médiatise une méthode, qui hypothétiquement serait disponible dans plusieurs années. C’est très bien si on élargit l’éventail des possibilités, néanmoins il y a déjà des choses sur lesquelles on est bien plus avancés», estime-t-il. Il cite par exemple la méthode thermique, qui vise à faire augmenter la température des testicules pour réduire la production de spermatozoïdes, et donc altérer la fertilité. Ce type de contraception est obtenu grâce à un slip chauffant, ou à unanneau testiculaire. Erwan Taverne parle d’un «vrai manque de moyens pour faire valider cette méthode», qui n’est pas reconnue par les autorités sanitaires. Contactée par Libération, la direction générale de la Santé indique que des «recherches sont en cours pour développer de nouvelles méthodes contraceptives masculines», et cite la contraception hormonale et les méthodes thermiques. A l’heure actuelle, seuls deux moyens de contraception masculine sont recommandés par la Haute Autorité de santé : le préservatif externe et la vasectomie, autorisée depuis 2001.


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