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jeudi 7 janvier 2021

Mieux diagnostiquer la schizophrénie

Par Laurianne Geffroy  30.01.2014

SLAM Schizophrénie

L’informatique pourrait bientôt aider à diagnostiquer la schizophrénie. C’est le but d’une étude menée par un psycholinguiste, un philosophe du langage et un informaticien. 

Qu’est-ce que la schizophrénie ? La question fait débat à chaque mise à jour du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le célèbre DSM publié par la Société américaine de psychiatrie. Car, si la schizophrénie se caractérise par des épisodes associant délire, hallucination et trouble du comportement, les spécialistes ne s’accordent guère sur les signes cliniques qui permettraient de diagnostiquer avec certitude ce trouble mental qui touche 0,7 % de la population mondiale et près de 600 000 personnes en France1.

Pour en savoir plus, l’équipe du projet Slam(Schizophrénie et langage : analyse et modélisation), soutenue par la Maison des sciences de l’homme Lorraine et le CNRS, s’est intéressée aux incohérences qui apparaissent dans les conversations impliquant des patients schizophrènes. Seulement voilà, repérer et trouver le point commun entre ces différentes incohérences de langage, dans le but d’en faire des indices de diagnostic fiables, est extrêmement fastidieux. Aujourd’hui, la modélisation informatique de la parole proposée par Maxime Amblard, du Laboratoire lorrain de recherche en informatique et ses applications2, facilite cette analyse. Et ce projet a d’ores et déjà permis d’identifier une particularité de langage typique chez les schizophrènes paranoïdes3.

Les discontinuités des schizophrènes

On sait depuis près de dix ans que, dans les discussions avec les schizophrènes paranoïdes, il apparaît des discontinuités décisives. Ce sont des ruptures au cours desquelles la conversation devient apparemment incohérente. Le psycholinguiste Michel Musiol, du laboratoire Analyse et traitement informatique de la langue française4, et le philosophe du langage Manuel Rebuschi, du Laboratoire d’histoire des sciences et de philosophie-Archives Henri-Poincaré5, les ont récemment étudiées en analysant la transcription écrite de conversations entre thérapeutes et patients.

Grâce à l’approche de Maxime Amblard, qui a rejoint leur projet, l’étude a fait un nouveau bond en avant. « Je traduis la sémantique des phrases et le contexte d’une conversation en formules logiques (mathématiques), explique-t-il. Cette modélisation a permis de repérer à quel moment du discours surviennent les fameuses discontinuités, mais aussi d’identifier leur déclencheur. » Résultat : les déclencheurs sont des mots qui se révèlent ambigus selon le contexte, ou bien des mots dont la morphologie elle-même peut prêter à confusion. Les patients schizophrènes peuvent ainsi parler de quelque chose de « flou », au sujet de la mémoire d’un souvenir, puis subitement parler de « flou » au sujet de quelque chose qu’ils voient mal, ce qui aiguille la conversation dans une direction inattendue. Ou alors parler de « la voir » (sous-entendu « voir une personne ») qui va soudainement se transformer en « l’avoir » (sous-entendu « la posséder »).

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