Contemporaine de la colonisation, l’émergence de l’enfermement pourrait trouver ses origines bien plus tôt dans l’histoire, souligne la revue « Socio » dans l’un des articles de son dernier numéro.
« Considérer la prison comme une invention occidentale devient de plus en plus problématique », écrivent les historiens Natalia Muchnik et Falk Bretschneider
Certes, l’émergence de l’enfermement a été contemporaine de la colonisation. Mais « considérer la prison comme une invention occidentale devient de plus en plus problématique ». Une nouvelle histoire de la prison cherche les origines des pratiques modernes d’enfermement plus tôt dans l’histoire, à l’époque médiévale, voire plus loin encore.
Racines non européennes
Mais « si l’élargissement chronologique de l’histoire de la prison semble aujourd’hui acquis, écrivent encore les auteurs, ce n’est pas le cas de son pendant géographique ». Les chercheurs s’intéressent aussi aux racines non européennes de la privation de liberté, « en étudiant le rôle du confinement dans les pratiques pénales ou militaires des sociétés précoloniales ». Ce numéro s’attache donc à présenter les travaux récents de ce champ de recherche.
Peut-on écrire une histoire globale de la prison ? Que nous apprennent les études récentes ? Sur quelles connaissances peuvent s’appuyer aujourd’hui les chercheurs, dont ne disposait pas Michel Foucault ? Quels champs restent à défricher ? Deux historiens, Xavier Rousseau et Marie Houllemare, livrent un état des lieux passionnant de l’historiographie des prisons.
Coûteuses, inefficaces, inégalitaires, violentes, elles continuent pourtant d’exister. La réponse à la violation des lois, rappelle le sociologue et anthropologue Didier Fassin, « a longtemps procédé sous la forme de réparations ». L’humanité pourrait-elle se passer des prisons ? Le mouvement abolitionniste gagne en puissance, en particulier aux Etats-Unis.
Par « souci de réalisme, avec un sens de l’urgence, [lui se situe] dans la perspective non pas d’un monde sans prison, mais d’un monde où elle serait devenue un châtiment marginal ». Qu’apportent aux criminels, aux victimes et à la société les peines de trente ou quarante ans d’emprisonnement ? « Il faut noter que la France, pour les courtes comme pour les longues peines, a choisi et continue de choisir de ne pas répondre à ces questions. »
Socio, n° 14, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 189 pages.
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