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jeudi 3 décembre 2020

La France corrige mieux les inégalités de revenus que beaucoup de ses voisins européens

Une nouvelle étude de France Stratégie souligne que les inégalités primaires sont plus faibles, et leur correction meilleure, que dans nombre d’autres Etats du continent. Mais le pays gagnerait à augmenter la progressivité de ses prélèvements obligatoires. 

Par     Publié le 2 décembre 2020




Site web de France Stratégie, le 14 octobre 2016.

Comment réduire efficacement les inégalités ? Comment s’assurer que les plus défavorisés ne soient pas les grands oubliés de la reprise, et corriger au mieux les écarts de revenus ? Dès la sortie de crise, ces questions se poseront avec une acuité particulière aux gouvernements, alors que la récession sans précédent engendrée par la pandémie se traduit, déjà, par une explosion de la pauvreté.

Pour aider à formuler les réponses adaptées, deux chercheurs de France Stratégie, centre de réflexion placé auprès du premier ministre, ont publié, mercredi 2 décembre, une note passant au crible la façon dont notre modèle social corrige les inégalités et les pistes pour le renforcer. Leur constat initial, se basant sur les données Eurostat d’avant le Covid-19, fait consensus : « La France apparaît relativement égalitaire en comparaison avec les autres pays européens », écrivent Julien Rousselon et Mathilde Viennot, du département politiques sociales de France Stratégie.

C’est notamment vrai pour les inégalités de revenus primaires, c’est-à-dire avant la redistribution par les impôts et les transferts sociaux – mais ici, les chercheurs ont choisi de prendre en compte les prestations de retraite dans les revenus, ce que ne font pas d’autres études. L’indice de Gini, mesurant le niveau de ces inégalités (1 représentant le seuil d’inégalité le plus extrême), est ainsi de 0,374, inférieur de 1,7 % à la médiane européenne. Cela signifie que les inégalités sont inférieures à celles de 19 des 29 pays européens étudiés.

Modèle nordique

Motif : les écarts de revenus d’activité et de patrimoine restent modérés chez nous. En dépit d’un taux de chômage relativement élevé, la France compte en outre moins d’inactifs que certains pays du sud de l’Europe, où beaucoup de femmes au foyer et de chômeurs découragés sont sortis du marché du travail.

Second constat : la redistribution française corrige relativement bien ces inégalités primaires : « La redistribution fait baisser de 24,8 % l’indice de Gini, contre 22,6 % en médiane européenne, ou 17 % en Italie. » Toute la question est de savoir à quoi tient l’efficacité de notre système : à la générosité des prestations, ou bien à leur ciblage ? A la progressivité des prélèvements obligatoires, ou à leur volume ?

« Contrairement aux idées reçues, la France n’est pas la championne européenne de la redistribution », soulignent d’abord les auteurs. Les prestations en espèces (hors retraite) et les prélèvements obligatoires y représentent en effet 43,7 points du revenu primaire : c’est plus que la médiane européenne (41 points), mais moins qu’au Pays-Bas (48 points) ou au Danemark (57 points).

Dans le détail, c’est davantage grâce aux prestations sociales que la France corrige les inégalités que grâce aux impôts et aux cotisations. En cela, elle se rapproche du modèle des pays nordiques, notamment du Danemark, dont les prestations sont également très correctrices. A l’opposé, le Sud, comme l’Italie et l’Espagne, corrige les écarts de revenus plutôt par les prélèvements.

Progressivité

En France, les prestations allouées au chômage et à la lutte contre l’exclusion sont particulièrement importantes : elles réduisent de 7,9 % les inégalités, soit bien plus que les 3,1 % observés en médiane européenne, parce qu’elles représentent un volume deux fois supérieur. « De même, c’est du fait de leur volume très important que les allocations logement réduisent bien plus les inégalités en France », détaille la note.

Les prestations familiales tricolores, elles, sont moins massives (1,6 point de revenu primaire, contre 1,9), mais elles corrigent mieux les inégalités (4 % contre 3,4 %), parce qu’elles sont nettement plus ciblées sur les ménages les moins aisés. Enfin, si nos prélèvements obligatoires aident à corriger les disparités de revenus par leur volume, ils gagneraient à être plus progressifs, c’est-à-dire à augmenter le taux de taxation à mesure que le revenu augmente. Si l’impôt sur le revenu est aujourd’hui progressif, ce n’est en revanche pas le cas de la CSG.

Quelles conclusions en tirer pour la suite ? Outre une meilleure progressivité des impôts, la France a sans doute intérêt, si elle veut limiter le creusement des écarts de revenus, à mieux cibler certaines prestations, concluent les auteurs. Mais, surtout, à prévenir plus efficacement encore l’apparition des inégalités à la source. Ce qui passe par des investissements de long terme promouvant l’accès à l’éducation et à la formation pour tous, dans la santé, ou, encore, par un meilleur partage de la production des richesses en faveur des salariés.


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