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mercredi 2 décembre 2020

Mort de Mony Elkaïm, un des pères de la thérapie familiale

Par Eric Favereau — 

Mort de Mony Elkaïm, un des pères de la thérapie familiale

Mort de Mony Elkaïm, un des pères de la thérapie familiale DR

L'homme, unique et bouillonnant d'idées, est mort le 20 novembre à l'âge de 79 ans.

Mony Elkaïm était une de ces personnalités essentielles dans la psychothérapie de la fin du XXsiècle. Chaleureux, bouillonnant d’idées, traversant tous les grands courants – de la psychothérapie institutionnelle à l’antipsychiatrie, puis un des inventeurs de la thérapie familiale. Il est mort à Bruxelles le 20 novembre, à l’âge de 79 ans.

L’homme était unique. Il fallait le voir et l’entendre dans des discussions passionnées quand il venait à Paris, avec le philosophe et psychanalyste Félix Guattari, autour des notions de constellations, de systèmes, de structures. L’auditoire ne comprenait pas tout, mais il y avait une évidence dans l’attention à l’autre, une volonté d’aider. Originaire de Marrakech, «né dans une ambiance de chaleur et de fêtes», dira-t-il plus tard, Mony Elkaïm a parcouru les continents. Il a fait ses études de neuropsychiatrie à Bruxelles, puis s’en est allé diriger un centre de santé mentale dans le quartier du Bronx à New York.

Adepte du pas de côté

C’est dans le Bronx qu’il lance une école de thérapie familiale pour former des professionnels de santé qui allaient intervenir dans des situations de ghetto urbain. La thérapie familiale systémique ? Pour dire vite, il s’agit de travailler avec plusieurs membres d’une famille pour essayer de décoder les interactions verbales et émotionnelles. La souffrance d’un des membres de la famille masquant souvent un dysfonctionnement du groupe…

Puis il revient en Europe, travaille à Bruxelles. Plus tard, Mony Elkaïm se penchera sur les alternatives à la psychiatrie classique, avec Franco Basaglia (l’Italien qui lancera la magnifique «expérience de Trieste», consistant à fermer tous les hôpitaux psychiatriques pour remettre les patients «dans la ville»), mais aussi avec Félix Guattari en France, et des personnalités comme Roger Gentis ou Robert Castel. On parlait alors d’antipsychiatrie. Elkaïm était ouvert à tout. Ne manquait jamais de faire un pas de côté pour mieux comprendre. A l’image du titre de son dernier livre publié en 2017 au Seuil : Vivre en couple. Plaidoyer pour une stratégie du pire. «Il était d’une très grande générosité, malicieux, souriant, se souvient le psychiatre Paul Machto. Et il transmettait magnifiquement son humanisme.»


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