Recourir à des services numériques quand on est médecin généraliste ? « Oui mais pas à n’importe quel prix ! », répond en substance ReAGJIR. Alors que les services numériques en santé fleurissent depuis des années, le syndicat a annoncé mardi qu'il travaillait sur une « charte éthique sur l’ubérisation de la médecine ». Jointe par Le Généraliste, la présidente de l’organisation, le Dr Laure Dominjon, indique que ce document devrait être finalisé aux alentours de la fin février. Pour l’heure, un groupe de travail réunissant des médecins aux profils différents (salariés, libéraux, remplaçants, installés…) planche sur sa rédaction.
Une démarche notamment motivée par les sollicitations que reçoit le syndicat de la part de certains services numériques : agenda en ligne, téléconsultation, logiciels métiers, applications proposant des visites à domicile. « Nous sommes régulièrement contactés par des entreprises pour que nous diffusions leurs annonces de recrutement, confie le Dr Dominjon. « Sur le papier les services qu'ils proposent ont l’air bien. Certains sont censés améliorer l’accès aux soins, d'autres proposent des modèles innovants de pratique qui peuvent intéresser les jeunes médecins ». « Mais si on creuse un peu et qu'on se penche sur leur mode de fonctionnement réel, leur financement, et ce que cela donne en pratique, on se rend compte que tous ne répondent pas à des objectifs de base qui, pour nous, définissent la médecin générale », relève la présidente de ReAGJIR.
Lutter contre le « consumérisme médical »
Cette charte éthique, qui s'adresse principalement aux médecins, a donc pour objectif de baliser ces services, en veillant au respect de certaines règles. Dans un communiqué paru mardi, le syndicat souligne ainsi que le service rendu par ces entreprises doit être « authentique », ne pas viser à « fidéliser un client » — et donc à ne pas favoriser le « consumérisme médical » — ou encore être facilement « intégrable dans la vie professionnelle du soignant », afin que celui-ci n’ait pas à s’adapter aux modalités de fonctionnement du service concerné.
La charte vise également à « responsabiliser les jeunes médecins », souligne le Dr Dominjon. « Si ces services peuvent être intéressants au premier abord car ils sont pratiques, qu'ils permettent d’être chez soi, de travailler à n’importe quelle heure, et pour un salaire intéressant, des questions se posent, poursuit-elle. « Est-ce qu’il y a vraiment une protection du médecin (...) Est-ce que tel service n’oblige pas un praticien à faire des choses limites sur le plan éthique ? À adresser à tel ou tel confrère, à prescrire des examens inutiles ? »
« Il faut que les praticiens se posent ces questions, qu'ils ne soient pas juste appâtés par l’offre », ajoute le Dr Dominjon.
Sensibiliser les patients
Outre les médecins, le syndicat entend également sensibiliser les patients, consommateurs de ces services. Le but ? Que ceux-ci prennent conscience de l’intérêt qu'ils ont à ne pas abuser de ces solutions numériques. « On veut leur expliquer qu’on essaie au quotidien de s’organiser, d’améliorer les choses pour mieux répondre à leurs demandes de santé, assure la présidente de ReAGJIR. On veut aussi leur faire comprendre que ce n'est pas parce qu'un service existe qu'il faut forcément le solliciter, que voir 15 médecins différents car vous le pouvez n'est pas forcément pertinent, que le parcours de soins ne sert pas qu'à les embêter mais que cela a un intérêt d’avoir un médecin qui vous connaisse le mieux possible ».
Pour ce faire, ReAGJIR indique être en discussion avec plusieurs associations de patients et mise également sur les praticiens pour les sensibiliser. Pour l'heure, le syndicat n'a pas prévu de faire signer cette charte aux différents acteurs du secteur.
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