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dimanche 19 janvier 2020

Pas aussi facile d’être mère quand on est chirurgienne

Publié le 15/01/2020




Au Royaume-Uni, on compte actuellement 11,1 % de femmes parmi les chirurgiens, comparativement à 3 % en 1991. Aux États-Unis, 20,6 % des chirurgiens généraux sont des femmes, contre 13,6 % il y a 10 ans. Les femmes chirurgiennes ont des enfants à un âge plus avancé : l'âge moyen à l'accouchement de leur premier enfant dans l'enquête de 2012 était de 33 ans, alors qu’il était de 26 ans dans la population générale. L'avancement de l'âge de la mère est un facteur de risque d'infertilité et d'issue défavorable de la grossesse, mais il est difficile de déterminer l'importance du rôle de l'âge dans les taux de complications observées chez les chirurgiennes.

Plus d'infertilité et de complications de la grossesse chez les chirurgiennes

Les études comparant les chirurgiens à la population générale indiquent des taux accrus d'infertilité et de complications de la grossesse, affectant à la fois la mère et le fœtus, telles que l'avortement spontané, l'accouchement prématuré, le retard de croissance et les anomalies congénitales. Une enquête menée auprès de 1 021 chirurgiennes américaines de différentes spécialités a révélé un taux global de complications de la grossesse de 35,3 %, comparativement à 14,5 % dans la population générale. D'autres études appuient cette constatation, un taux de complications de 25,3 % ayant été constaté dans le cadre d'une enquête menée auprès de 163 urologues féminines.

Les hommes ne seraient pas épargnés. Des taux d'infertilité élevés chez les chirurgiens ont également été décrits : 32 % des répondants à l'enquête de 2012 ont signalé des difficultés en matière de fertilité, par comparaison avec 10,9 % dans la population générale.

Des facteurs liés à la salle d’intervention

L'attention s'est portée sur l'âge plus avancé et les conditions de travail exigeantes des chirurgiennes enceintes ; toutefois, il existe des risques pour la reproduction dans la salle d'opération qui pourraient également jouer un rôle.

Les dangers comprennent la radiation, la fumée chirurgicale, les conditions de travail, les blessures par objets tranchants, les gaz anesthésiques et l'utilisation peropératoire d'agents toxiques. Toutefois, les données publiées proviennent d’ études rétrospectives et il n’existe souvent pas de données solides sur les relations dose-effet spécifiques, ce qui rend difficile la quantification des risques et l’élaboration de recommandations en matière de sécurité au travail. Néanmoins, les organismes de réglementation ont fixé des limites d'exposition pour certains agents, en se fondant sur des preuves limitées.

Tableau des dangers du bloc opératoire pour la reproduction

Dangers en salle d’opérationEffets indésirables potentiels de l'exposition sur la reproduction
RadiationsMort fœtale : dose seuil estimée de 50-100 mGy à la deuxième semaine ;
Anomalies congénitales et retard de croissance : dose seuil estimée de 200-250 mGy à la deuxième et à la huitième semaine ;
Effets cognitifs et microcéphalie : dose seuil estimée de 60-310 mGy à la huitième et à la vingt-cinquième semaine ;
Risque accru de cancer infantile : pas de dose seuil mais risque probablement minime à <10-20 br="" mgy1.="" style="box-sizing: border-box;">
Fumées chirurgicalesAucune étude portant directement sur l'exposition à la fumée chirurgicale et sur les effets sur la reproduction ; des études sur les composants de la fumée ont montré :
-    Particules : faible poids à la naissance et travail prématuré ;
-    Toluène : anomalies congénitales, déficience cognitive, infertilité ;
-    Benzène : risque accru de leucémie infantile ;
-    1,2-Dichlorethane : avortement spontané et infertilité (études sur l’animal seulement).
Conditions de travailHeures de travail prolongées (>40 heures/semaine) : accouchement prématuré, avortement spontané, enfant petit pour l'âge gestationnel ;
Cadres de nuit : accouchement prématuré et avortement spontané :
Exigences physiques élevées : risque possible d'accouchement prématuré et enfant petit pour l'âge gestationnel.
Blessures et AESRisque de transmission des hépatites B et C et du VIH.
Gaz anesthésiquesAvortement spontané ;
Anomalies congénitales ;
Réduction de la fertilité (oxyde nitreux).
Chimiothérapie intrapéritonéale hyperthermiqueAucune étude n’a porté directement sur l'utilisation de la ChIPH en salle d'opération et sur les conséquences en matière de reproduction (avortement spontané, anomalies congénitales, faible poids à la naissance et infertilité) déjà observées dans les études portant sur l'exposition professionnelle aux médicaments antinéoplasiques.
MéthylméthacrylateAucune étude sur les humains. Anomalies squelettiques et retard de croissance observés chez les rats, associés à des niveaux d'exposition très élevés (niveaux toxiques pour la mère).

Quelles solutions ?

Diverses interventions en milieu de travail ont réussi à réduire les niveaux d'exposition à de nombreux dangers pour la reproduction et devraient être adoptées en milieu chirurgical, mais sans restreindre inutilement les activités des femmes. Leur liste extensive peut être consultée dans l’article.

Dr Bernard-Alex Gaüzère
RÉFÉRENCE
Anderson M, Goldman RH: Occupational Reproductive Hazards for Female Surgeons in the Operating Room: A Review. JAMA Surg., 2020 ; publication avancée en ligne le 2 janvier. doi:10.1001/jamasurg.2019.5420.

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