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samedi 25 janvier 2020

Avec Docnco, deux jeunes médecins veulent faciliter l'adressage des patients

Amandine Le Blanc
| 25.01.2020


Quel généraliste ne s’est pas déjà arraché les cheveux à essayer d’adresser un de ses patients vers un spécialiste, à l’hôpital etc ? C’est à ce problème récurrent dans la vie des professionnels de santé, que le généraliste Romain Troalen et son collègue interniste à l’hôpital Saint-Camille de Bry-sur-MarneClément Morin, ont essayé de répondre en créant la plateforme Docnco.
À l’origine du projet, l’histoire d’amitié entre les deux médecins et leur envie de tisser du lien entre professionnels les a poussés à mettre sur pied en 2015 les STAFFs de l’hôpital Saint-Camille. Ces réunions de formation qui ont lieu chaque premier jeudi du mois, permettent aux généralistes de venir parler de thèmes qui peuvent leur poser problème dans leur pratique quotidienne. « Lors de ces STAFFS, comme je travaille à l’hôpital, je ressortais toujours les poches pleines de lettre d’adressage, explique le Dr Morin. Nous nous sommes dit qu’il y avait moyen de faire mieux, de numériser cela ». C’est le point de départ d’un travail de deux ans qui va aboutir au lancement de Docnco en septembre dernier.
Pas une bouteille à la mer
À travers cette plateforme, tous professionnels détenteurs d’une carte CPS peuvent s’inscrire pour adresser un patient, soit directement à un confrère inscrit lui aussi sur la plateforme ou par exemple à l’ensemble du service d’une spécialité d’une structure. Le professionnel va rentrer l’ensemble des coordonnées du patient, le motif de la demande, expliquer le contexte, il peut aussi télécharger des documents. Il indique le degré d’urgence de la demande : par exemple l’admission en hôpital de jour dans un délai inférieur à un mois. Le délai n’est pas contraignant pour le receveur mais permet de donner une idée de l’urgence ressentie.

La demande adressée arrive sur l’interface du receveur qui a plusieurs options : ne pas l’accepter, la réorienter, donner un avis qui est facturable comme télexpertise, demander un complément d’information ou la prise en charge. Une fois acceptée la demande bascule donc vers le secrétariat qui sait ce qu’il doit programmer et appelle le patient pour lui indiquer la date et l’heure du rendez-vous. Les deux médecins reçoivent aussi l’information. Une fois la demande envoyée, le receveur à 96 heures pour y répondre. « Notre slogan est : le patient au bon endroit au bon moment. Le principe c’est celui de la désynchronisation, souligne le Dr Troalen. C’est-à-dire que vous allez adresser votre demande au moment qui vous arrange et pas quand vous savez que vous avez une vague chance d’attrapeur le receveur au téléphone. Et de son côté le receveur peut la traiter au calme et pas entre deux portes. Nous voulons faciliter et améliorer l’organisation du travail des uns et des autres et donner la certitude que la demande va arriver et sera vue et que cela ne restera pas un fax perdu dans la nature. » L’idée de la plateforme est aussi que ces demandes ne soient pas une bouteille à la mer, ni une course de vitesse.
Pour les urgences absolues, Docnco propose aussi un chemin d’urgence avec un courrier circonstancié réunissant tous les éléments nécessaires. Le service d’urgence du secteur reçoit les informations avant même que le patient arrive et la version mobile permet de le faire directement depuis le domicile du patient.
Déjà 1 000 patients adressés
Les Drs Troalen et Morin ont profité d’un appel à projet de l’ARS d’Ile-de-France pour se lancer et de l’appui de l’hôpital Saint-Camille. Aujourd’hui, quasiment toutes les spécialités de l’établissement sont inscrites sur la plateforme. Docnco démarre essentiellement sur le Val-de-Marne, mais depuis 4 mois déjà 200 professionnels, dont plus de 100 généralistes se sont inscrits et plus de 1 000 patients ont été adressés. « Même si pour le début nous étions très centrés autour de l’hôpital Saint-Camille, l’objectif est de s’ouvrir en spirale afin que les professionnels aient leur receveur habituel sur la plateforme », explique le Dr Morin. Les deux jeunes médecins sont aussi en discussion avec des porteurs de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) afin d’offrir la possibilité à l’ensemble des professionnels d’un territoire d’une CPTS d’utiliser la plateforme. Potentiellement, les généralistes peuvent aussi être receveurs. En ce moment, par exemple, se met en place une expérimentation où des coordonnateurs d’Ehpad peuvent adresser des demandes de prise en charge à des généralistes. L’inscription sur Docnco est gratuite pour les demandeurs et payante pour les receveurs.

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