Dans un cabinet médical à Paris, en décembre 2014. Photo Albert Facelly pour Libération
Selon un sondage de la Drees, 7 médecins généralistes sur 10 considère l'offre «insuffisante» dans dans leur zone d'exercice. Près de 80% d'entre eux disent avoir des difficultés à répondre aux sollicitations des patients.
Les pouvoirs publics peuvent-ils vraiment compter sur la médecine de ville pour délester des urgences hospitalières saturées ? A examiner les résultats du dernier panel d’observation des pratiques et conditions d’exercice en médecine générale dévoilés mardi par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), rien n’est moins sûr. Selon ce sondage réalisé auprès de 3 000 médecins généralistes, l’offre de soin libérale serait largement sous-dimensionnée. Ainsi, en 2019, sept médecins généralistes sur dix la considèrent «insuffisante» dans leur zone d’exercice. Pis : ils sont quatre sur cinq à penser que la situation est appelée à se détériorer dans les prochaines années.
Pas vraiment une vue de l’esprit. Selon les projections de la Drees, les effectifs de médecins libéraux devraient de fait diminuer jusqu’en 2027, date à laquelle ils seraient inférieurs de 24% à leur niveau de 2012… En première ligne : les médecins généralistes libéraux, dont les effectifs chuteraient de près de 30% sur la période. De quoi présager, alors même que le papy-boom battra son plein, «un affaiblissement de la densité médicale libérale à l’échelle nationale».
Pour tenter de répondre aux besoins de la population, les médecins généralistes pourtant s’organisent. Près de 8 sur 10 s’arrangent pour répondre au quotidien aux demandes de consultation non programmées, grâce notamment à l’aménagement de plages de consultation sans rendez-vous. Une possibilité d’autant plus développée qu’un même cabinet regroupe plusieurs praticiens, pouvant se relayer. Mais insuffisante toutefois pour satisfaire tous les patients. Selon le sondage, près de 3 médecins généralistes sur 4 admettent ne pas répondre à la totalité des demandes de consultation de soins non programmées qui leur sont adressées. La moitié des généralistes réorientent alors les patients vers d’autres confrères du secteur libéral. Un quart leur conseille de se rendre aux urgences ou de contacter le Samu…
En l’état, la capacité des médecins généralistes à augmenter leur offre de soin semble limitée : 72% d’entre eux indiquent faire déjà des journées plus longues que souhaité (en moyenne, leur temps de travail hebdomadaire est de 52 heures), et presque la moitié écourte le temps dédié à la formation professionnelle. Pour tenter de répondre au maximum de sollicitations, 54% des médecins généralistes disent augmenter les délais de prise de rendez-vous, 40% espacer le suivi de certains patients, et 53% refuser de nouveaux patients en tant que médecins traitant… Pour faire face à la baisse de l’offre de soin sur leur territoire, 40% des médecins généralistes envisagent de rejoindre une structure d’exercice coordonné (type maison de santé pluriprofessionnelle) ou d’en créer une. Une solution caressée par près de la moitié d’entre eux dans les déserts médicaux…
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