The Australian & New Zealand Journal of Psychiatry s’interroge sur les indications d’une hospitalisation en pédopsychiatrie. Les auteurs rappellent d’emblée que, parmi les enfants et les adolescents avec des troubles mentaux, seule une faible proportion nécessite le recours à une hospitalisation en psychiatrie. Cette décision ne doit pas être prise à la légère, car elle se révèle parfois traumatisante en raison de la séparation avec le milieu familial, et parce que les jeunes concernés peuvent percevoir l’hospitalisation comme une expérience violente. Autres risques : « régression », « stigmatisation », ou/et adoption de « comportements inadaptés » observés à cette occasion chez d’autres patients (par exemple, la tentation de se livrer à des scarifications, par mimétisme avec des jeunes qui s’automutilent, hospitalisés en même temps). En général, un traitement ambulatoire bien adapté est préférable à une hospitalisation, à un moindre coût et sans rupture entre le jeune et sa famille.
Trois circonstances principales
Cependant, il peut s’avérer important d’adresser un jeune dans un service psychiatrique, dans trois circonstances principales :
– Quand une période d’observation détaillée est requise pour « clarifier un diagnostic. »
– Quand il est nécessaire de contenir un risque d’auto-agressivité (ou/et d’hétéro-agressivité) et d’initier un traitement, lors d’une situation aiguë ou de l’aggravation croissante des troubles.
– Quand une évaluation somatique ou une autre intervention médicale s’impose, par exemple le bilan d’une problématique à connotation organique (comme l’anorexie), parallèlement au tableau psychiatrique.
Ne pas utiliser le service de psychiatrie pour éloigner le patient de sa famille
Certes, il arrive que d’autres indications particulières (par exemple, les interventions pour « séjours de rupture ») exigent une hospitalisation en pédopsychiatrie, mais il est toujours préférable de rechercher d’abord des ressources extérieures à l’hôpital psychiatrique. Il faut ainsi éviter d’utiliser le service de psychiatrie comme un lieu de vie, simplement pour éloigner un jeune de son milieu familial, en cas de suspicion d’abus ou de maltraitance : le recours aux services de protection de l’enfance est alors plus judicieux, et les services de pédiatrie offrent alors, si besoin, un environnement moins stigmatisant quand une évaluation d’ordre médicolégal s’impose.
Dr Alain Cohen
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