par MARTHE CHALARD-MALGORN 20 OCTOBRE 2019
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Connue comme la grande théoricienne étasunienne du « care » dans son ouvrage intitulé « Une voix différente », Carol Gilligan publie, ce mercredi 16 octobre, « Pourquoi le patriarcat ? » aux éditions Climats. Au-delà de l’allitération puissante du titre, l’ouvrage s’attaque, grâce à l’emploi d’une rhétorique très forte, à déconstruire, déchiqueter, dénormaliser le système patriarcal dans lequel nous évoluons tous et toutes.
Le patriarcat, un refuge et une prison
Selon Carol Gilligan, le patriarcat fonctionne sur le motif de la perte. Oui… d’accord…c’est à dire ? A travers les rites de passage auxquels nous sommes confrontés durant l’adolescence, nous expérimentons une perte de notre personnalité.
D’un côté, les filles se trouvent bâillonnées dans l’expression de leur colère. On leur dit qu’il ne faut pas s’énerver, que ce n’est pas convenable de se faire autant entendre, qu’il ne faut pas rentrer dans une haine des hommes, très dangereuse pour le bien de la société. Réprimer sa colère est la condition sine qua non pour rentrer dans le moule. De ce fait, les jeunes filles font taire une voix en elles. Elles expérimentent un silence forcé, qui agit comme une perte, et finissent par s’en détacher. Au sein du livre, l’exemple de Jackie est très parlant. Depuis sa première année de fac, elle fréquentait un homme qu’elle pensait être son ami. Un soir, il se jeta sur elle pour la violer. Même si elle n’avait jamais remis en question l’acte du viol, elle se sentait obligée de s’en remettre rapidement, sans faire de vague. Il ne fallait pas parler, il ne fallait pas gâcher la vie de cet homme. Elle décida de taire la colère en elle, niant qu’un ami ait pu lui faire ça sans se soucier du mal commis.
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