Chaque mercredi, «Libération» fait le point sur l'actualité du livre jeunesse. Aujourd'hui, l'histoire d'une petite fille assaillie par une pelote noire pas drôle et qui n'est pas la seule.
Il pleut sur le cœur d’une enfant. La tête emmitouflée dans une capuche qui la protège du monde et de ses idées noires. Une ombre a surgi dans sa vie de petite fille. Une masse sombre et tenace pareille à une pelote tissée du fil de ses émotions. D’un coup de pied, d’un coup de poing, elle voudrait se débarrasser de son malaise comme on lance un ballon. Elle n’a que ses mots de marmot pour exprimer «ce drôle de truc pas drôle» qui l’inquiète. A l’école comme dans son lit d’enfant, elle est seule avec ses tourments. L’esprit et le corps chargés de cette sensation nouvelle et diffuse. Ce qui est nouveau n’a pas de nom. Elle tente d’en parler à sa mère, absente, qui apparaît furtivement dans son univers, c’est une main qui éteint la lumière le soir, ou de longues jambes qui lui tournent le dos dans l’escalier de la maison.
Cet album de l’Italienne Giulia Sagramola s’adresse aux enfants à partir de cinq ans, accompagnés de leurs parents. Au fil des pages, ils pourront les aider à déloger ces idées qui les encombrent et pourquoi pas les transformer en quelque chose de positif. C’est ce que fait notre personnage. Elle prend le dessus sur ses émotions, les apprivoise et s’en fait un drôle de chapeau. A la fin, la môme lance un salut lucide et bravache à ses idées noires : «Au revoir drôle de truc. Nous nous reverrons sans doute.» Mais la prochaine fois, la jeune fille sera plus forte. Elle sourit. Fini la pluie.
Un drôle de truc pas drôle de Giulia Sagramola, Rouergue, 40 pp. A partir de 5 ans.
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