| 22.10.2018
Pour mieux prendre en charge la douleur en pédiatrie, le pôle mère-enfant d’Hospitalisation à domicile (HAD) de l’AP-HP intègre à large échelle la pratique de l’hypnoanalgésie. Une technique complémentaire qui contribue à la prévention de l’apparition des phobies liées aux soins chez les plus jeunes.
Près de cent enfants sont aujourd’hui accompagnés par les unités pédiatriques d’hospitalisation à domicile (HAD) de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Dans le cadre des soins invasifs régulièrement effectués chez ces jeunes patients (pansements, prélèvements sanguins, injections d’antibiotiques ou de chimiothérapies…), les infirmières puéricultrices utilisent en routine divers moyens pour prévenir et soulager la douleur (crème anesthésiante, MEOPA, distractions, succion de solution glucosée ou BUZZY). Mais parfois, ces techniques se révèlent infructueuses. D’où l’idée de recourir à l’hypnoanalgésie chez les enfants ayant des capacités de langage suffisantes pour être réceptifs.
Un projet de formation des équipes soignantes a été mis en place dès l’été 2015 à l’initiative des puéricultrices, avec le soutien financier de la Fondation Apicil. Au total, cinquante-trois IDE ou puéricultrices du pôle mère-enfant de l’HAD-AP-HP, deux IDE de l’équipe de nuit, trois pédiatres et cinq cadres sont désormais initiés à cette approche alternative.
Changer de paradigme
« Des résultats remarquables sont obtenus en peu de temps, car on s’attelle durant trois jours à adapter cette technique de langage à l’accompagnement des soins. Il ne s’agit pas d’une formation sur l’hypnothérapie », indique Bénédicte Lombart, cadre de santé et formatrice de l’association SPARADRA. « L’objectif est d’amener l’enfant à quitter l’espace un peu ligoté de la contingence des soins techniques. Il s’agit pour le professionnel de basculer de paradigme pour rejoindre l’univers de l’enfant, accéder à son imaginaire, trouver le point d’appui avec lequel évoluer pour accompagner le soin en construisant une histoire, un script hypnotique », évoque Bénédicte Lombart, par ailleurs auteure d’un « manuel pratique d’hypnoanalgésie pour les soins en pédiatrie » d’une centaine de pages diffusé par SPARADRA.
Désamorcer les soins
« La douleur est une chose mais l’angoisse et la peur du soin est encore pire que la douleur et les enfants anticipent beaucoup. L’intérêt de l’hypnoanalgésie est de pouvoir les dissocier, les éloigner du moment présent afin d’atténuer cette douleur. Au domicile, il y a une disponibilité supplémentaire. On arrive à désamorcer des soins, ce qui permet d’éviter des phobies plus tard », note Clotilde Bouchard, IDE à l’HAD-AP-HP. « Il n’y a pas vraiment de limites à cette technique qui nécessite toutefois de bien réfléchir à la mise en œuvre des soins », ajoute-t-elle.
« Le recours à l’hypnoanalgésie permet à l’enfant de participer activement à sa prise en charge. Cela l’aide à se concentrer sur la création d’une solution plutôt qu’endurer un problème et à découvrir et utiliser autant que possible ses propres ressources », souligne le Dr Édith Gatbois, pédiatre et chef du pôle mère-enfant de l’HAD-AP-HP.
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