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lundi 4 décembre 2017

Animal thérapeute : leur bien-être à l’étude

Les animaux utilisés dans des programmes de thérapie en souffrent-ils ? Le sujet commence à être exploré.

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO  | Par 

Interdira-t-on un jour les thérapies avec les animaux ? A l’heure où cirques et élevages sont vivement critiqués, où des militants dénoncent toute forme d’exploitation animale, la question pourrait se poser. En tout cas, le bien-être animal est l’une des préoccupations grandissantes des professionnels de la médiation. Une séance de thérapie génère-t-elle du stress pour le cheval ? Comment aménager l’emploi du temps d’un chien ? « Ces réflexions font écho à une évolution de la population, toujours plus sensible à la cause animale. Elles sont nécessaires pour que ces pratiques gardent leur place dans la société », estime Véronique Servais, professeure à l’université de Liège.


Pour l’heure, les recherches s’avèrent sporadiques tant pour le chien que pour le cheval, les plus utilisés. D’après les études menées sur les équidés, l’équithérapie ne serait pas plus stressante que l’équitation, l’activité principale de la plupart des chevaux employés. Ces travaux s’appuient sur des paramètres physiologiques (niveau des hormones de stress) ou des données comportementales. Dans le cadre de sa thèse de doctorat ­vétérinaire (2015), la vétérinaire Julie ­Potier a mesuré sur huit chevaux une baisse de certains paramètres du stress lors de séances d’équithérapie, par rapport aux cours d’équitation. Sa conclusion : il n’y aurait « pas de contre-indication à cette pratique du point de vue du bien-être du cheval ».


Règle des 3R


Pourtant, dans un environnement naturel, le cheval aime pâturer pendant des heures avec ses congénères. D’après l’association Equi-Liance, certaines pratiques pourraient aller à l’encontre de son bien-être. Des séances trop longues, un milieu aménagé (carrière, rond de longe) et un faible degré de liberté (longe tendue) induiraient des comportements de frustration ou d’opposition. C’est la ­conclusion d’une étude d’observation de 36 séances de médiation avec 19 chevaux. « Nous proposons des pistes d’amélioration : ne pas mobiliser le cheval plus d’une heure, lui laisser une certaine liberté et privilégier les séances dans un environnement naturel. En médiation animale, il faut connaître les besoins du cheval et parler son langage, car rien n’est possible sans une vraie collaboration », souligne Patricia Faure, présidente d’Equi-Liance. Pas question d’instaurer un rapport de force. William Lambiotte, infirmier cynothérapeute à l’hôpital d’Amiens, confirme : « Je veux que mes chiens aient du plaisir au travail. Jamais ils n’ont refusé une séance. Ma priorité est leur bien-être et leur ­sécurité. Notre journée à l’hôpital est ponctuée de promenades et de moments de détente. » Peu de travaux étudient ­l’impact d’une séance pour les canidés. Certains concluent à une absence de stress, d’autres à sa présence chez les chiens les moins expérimentés.

« Les données existantes constituent de premières pistes, mais il manque des études transversales, portant sur de larges échantillons et reposant sur des paramètres à la fois physiologiques et comportementaux », note Marine Grandgeorge, ­enseignante-chercheuse à l’université Rennes-I. Preuve que la question devient prégnante, ces enjeux furent abordés lors de la dernière conférence triennale de ­l’Association internationale des organisations consacrée aux interactions humain-animal en 2016 à Paris. Parmi les interventions remarquées, celle d’un groupe de ­recherche italien, qui propose d’appliquer la règle des 3R (réduire, raffiner, remplacer), démarche éthique et réglementaire de l’expérimentation animale, à la médiation. Quelles lignes de conduite définirait-elle ? Entre autres, choisir les espèces et les individus les plus appropriés, réduire la fréquence et la durée des sessions, veiller aux besoins de l’animal… Un quatrième R concernerait la relation humain-animal, dans l’objectif de « bénéfices réciproques en termes de santé et de bien-être ». L’occasion, aussi, de souligner l’asymétrie de cette relation, qui engage la responsabilité de l’homme vis-à-vis de l’animal.

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