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Sexiste les études de médecine ? Déjà en début d’année dernière deux externes créaient le blog « Paye ta blouse » qui recensent des « témoignages de sexisme en milieu hospitalier ». « Messieurs, regardez bien autour de vous toutes les jolies jeunes femmes présentes, parce que, de vous à moi, elles sont uniquement là pour se trouver un mari riche et intelligent. », « Jolie comme vous êtes, vous n’avez pas besoin de formation. », « Bon, là notre public est essentiellement féminin, mais apparemment de nos jours on doit aussi enseigner aux filles… ». Des phrases comme celles-ci, le blog en compte des dizaines et souvent bien plus crues.
Le syndicat des internes, l’Isni, a décidé à son tour de s’emparer du sujet du sexisme en lançant une grande enquête nationale. « Dans les autres pays occidentaux, les enquêtes sont unanimes : 30 à 50% des étudiants en médecine sont confrontés à du sexisme durant leur formation et sur leur lieu de travail », souligne l’organisation dans un communiqué. En France si les langues se délient, aucune étude nationale n’avait pour l’instant été organisée. C’est désormais chose faite avec le lancement de cette grande enquête. « L’objectif est bien sûr de dénoncer ces discriminations et d’en comprendre l’impact sur les choix de carrière et sur le quotidien des jeunes médecins » explique l’Isni. Intitulé « Hey Doc, les études médicales sont-elles sexistes ? », le questionnaire anonyme en ligne interroge les étudiants sur leur expérience du sexisme et du harcèlement sexuel au cours de leurs études.
Ont-ils eu à subir, remarques, blagues ou commentaires sexistes sur leur façon de travailler ou de s’habiller ? Ont-ils été victimes de chantage à connotation sexuelle, de gestes ou de contacts physiques non désirés ? Pensent-ils que l’humour sexiste en médecine relève de l’humour carabin ou du sexisme quotidien ? L’étude s’intéresse au sexisme entre pairs, mais aussi dans la relation avec les patients. « Vous faites un examen clinique à un patient et/ou vous lui expliquez médicalement la situation. Puis le patient ou sa famille vous demande : « quand est ce qu’on verra le médecin ? ». « Vous rentrez dans la chambre d’un patient qui est au téléphone. Il dit alors à son interlocuteur : « je te laisse, y’a l’infirmier(e) qui vient d’arriver »". Les répondant(e)s au questionnaire doivent donc dire s’ils ont été déjà été confrontés à ces situations et à quelle périodicité.
Comme il l’avait fait sur la santé mentale des étudiants en médecine, l’Isni veut à travers cette enquête « se saisir du sujet pour être un des principaux acteurs du changement ». « Le sexisme dans les études médicales ne doit plus être un tabou » affirme l’intersyndicale. Les résultats seront présentés à l’Université de Rentrée de l’Isni, le 18 novembre.
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