Cyrille Dupuis
| 08.11.2017
C'est un SOS qui vient d'être lancé par les directeurs d'hôpital, lors de leur dernière commission administrative paritaire nationale (CAPN), qui s’est tenue le 7 novembre.
Selon le Syndicat des manageurs publics de santé (SMPS, qui réunit les directeurs, cadres et ingénieurs hospitaliers), le contexte est en soi anxiogène à l'heure où les directeurs d’hôpital, déjà inquiets des résultats 2017, préparent leurs EPRD – état prévisionnel des recettes et des dépenses – sous forte contrainte financière.
Mais au-delà de l'équation budgétaire complexe, d’autres « sujets techniques » se greffent comme les modalités de la compensation de l’augmentation de la CSG pour les établissements, la réforme du mode de facturation des transports (même retardée au 1er octobre 2018), les perspectives de tarification au parcours ou encore le bilan de la première vague du financement des activités de soins de suite et de réadaptation (SSR).
Services perdus et perte de sens
Le SMPS revient sur la lourdeur du climat social dans les hôpitaux. « Plus une semaine ne passe sans la diffusion d’un reportage, certes souvent caricatural, mais qui laisse parfois transparaître un coin de vérité sur les injonctions paradoxales que gèrent au quotidien les équipes de direction, entre un modèle de financement qui a atteint ses limites, des restructurations qui coûtent dans le cadre des GHT (la mutualisation des achats, bien loin de permettre des économies pour le moment, représente à court terme un surcoût que l’on peut estimer à 13 millions d’euros !) et des services souvent perdus entre une demande en soins à l’hôpital qui ne diminue pas mais des moyens contraints », se désole le SMPS.
Résultat, selon les cadres hospitaliers : « la tâche devient presque insoluble pour les directeurs », avec une perte de sens sur la finalité des économies et les modalités de la contrainte. Les GHT ? Leur déploiement « continue de fragmenter le paysage hospitalier », regrette le SMPS, même si « des réussites existent ».
La question de la fragilisation des ressources humaines se pose directement pour les manageurs. « Combien de collègues en incertitude professionnelle ? Combien de tensions au sein des GHT (...) ? Les représentants syndicaux sont quotidiennement sollicités pour aider des collègues, chefs ou adjoints, en support ou non, détachés ou dans le corps, que ces tâtonnements managériaux interrogent, explique le SMPS. Les équipes du CNG ont quant à elles vu le nombre de demandes d’accompagnement augmenter de près de 50 %. »
A quand les discussions avec Ségur ?
Le SMPS regrette l'absence de rendez-vous avec la tutelle pour aborder les conditions d’exercice dans ces territoires recomposés, « ce qui rajoute à la frustration des directeurs ». La question de la reconnaissance de leur exercice territorial est pour l'instant en jachère. « Il est plus que temps de se revoir », supplie le SMPS qui voudrait parler de l’accompagnement de la mise en place des GHT, de l’exercice ultramarin, de l’accès à la première chefferie, des enjeux de la parité pour les plus hauts postes et de la valorisation des hauts potentiels, bref des « outils d’un management moderne » qui « font cruellement défaut ».
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