Le risque de faire une dépression diminue chez les personne effectuant ne serait-ce qu’une heure d’activité physique chaque semaine.
Dix mille pas et plus. Nager dans la mer, marcher en forêt, faire un tour de vélo, c’est bon pour le moral. Cela va de soi. L’hygiène de vie, et notamment le sport, joue un rôle essentiel pour renforcer l’estime de soi, le bien-être, les relations sociales… Ce qui fait même dire à certains que c’est le meilleur médicament pour combattre la dépression, et ce sans effets secondaires. On sait que certaines personnes sont plus vulnérables à la dépression que d’autres. C’est en revanche moins connu que le risque peut être réduit en pratiquant une activité physique régulière. C’est en tout cas ce que montre une étude de chercheurs australiens publiée début octobre dans l’American Journal of Psychiatry.
L’équipe du Black Dog Institute a conduit une enquête épidémiologique, en Norvège, sur une population de 33 900 personnes « en bonne santé », sans antécédents psychiatriques, sur une période de onze ans. Les résultats ont montré que les personnes qui ne faisaient aucun exercice physique au début de l’enquête présentaient 44 % plus de risque de développer une dépression que celles qui faisaient une activité physique, d’une à deux heures par semaine. Les chercheurs ont conclu que le risque de faire une dépression diminuait de 12 % – durant l’enquête, donc sur onze ans – chez les participants ayant effectué ne serait-ce qu’une heure d’activité physique chaque semaine.
Activité même modérée
« Ces résultats sont intéressants, car ils montrent les bénéfices d’une activité physique à partir d’une heure par semaine », précise le psychiatre Florian Ferreri (hôpital Saint-Antoine). L’étude valide en effet l’impact de l’activité même modérée, comme le vélo ou la natation.
La littérature scientifique est abondante sur les effets « protecteurs » de l’activité physique sur la dépression. L’un des précurseurs, James Blumenthal, cité dans la revue Cerveau et psycho en mars, avait découvert, dans les années 1980, en étudiant l’impact de l’activité physique sur des patients atteints de maladies cardiovasculaires, un bénéfice inattendu : l’amélioration de l’humeur, et la baisse des symptômes dépressifs. Depuis, des centaines d’études ont été conduites.
« ll faut toutefois distinguer l’effet du sport en prévention primaire ou secondaire, souligne Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor (Créteil). En effet, le sport comme traitement lors d’épisodes dépressifs, notamment sévères, est plus complexe. » Cela doit aussi être adapté à chaque personne. « En revanche, inciter à faire une activité physique pour éviter une rechute gagne du terrain. Il faudrait faciliter l’accès au sport, constate Florian Ferreri. Se mettre ou se remettre en mouvement est bénéfique, cette étude est robuste et mérite qu’on s’y intéresse. »
Au-delà de l’impact au niveau psychologique, le sport a aussi un impact au niveau biologique. L’activité physique permet la libération de neurotransmetteurs (endorphines, dopamine…) qui jouent sur la plasticité cérébrale et agissent sur le niveau de stress. « Nous essayons encore de comprendre exactement pourquoi l’exercice a un effet protecteur », admet Samuel Harvey, auteur principal de la première étude citée. Plusieurs hypothèses biologiques sont évoquées, mais non encore élucidées. Il reste aussi de nombreuses inconnues : quelle population répond mieux, quel type d’activité, quelle dose ?… Mais dans tous les cas, ces résultats devraient inciter les Français à bouger plus.
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