Dans de nombreux pays développés, la transition des accouchements au domicile vers l’hôpital s’est déroulée dans les années 50. Si d’aucun y ont vu le résultat de la puissance du monde médical, d’autres considèrent que c’est la résultante d’une demande des femmes. Si le discours médical revêt une certaine autorité, les femmes trouvent également réponses à leurs questions auprès de leur entourage, dans les livres et magazines, et plus récemment à la télévision et sur internet. Une chercheuse britannique a passé au crible les articles de la revue de référence, Mother and Baby, sur la période 1956-1992, pour étudier l’évolution des messages diffusés et ainsi mieux comprendre comment la naissance à l’hôpital est devenue la norme.
Dès 1959, un rapport britannique préconise que 75 % des accouchements aient lieu à l’hôpital, suivi en 1970 d’un autre demandant cette fois que toutes les naissances aient lieu en milieu médicalisé. Dans le même temps, le développement de techniques telles que l’enregistrement cardiaque fœtal a fait émerger le sentiment que l’accouchement était un processus à risque et a rendu incontournable la prise en charge dans une structure équipée, ainsi que le demande un rapport en 1980, comme un service de soins intensifs. Mais dans les années 1990, ce discours est contesté par des associations de patients et des chercheurs et un nouveau rapport déclare qu’il n’y a aucune preuve que l’accouchement à domicile ne soit pas sûr.
La lecture de Mother and Baby révèle que dans les premiers numéros, environs 20 % des articles étaient consacrés à l’accouchement lui-même, pour atteindre 75 % dans les années 1990. Si l’accouchement à domicile a toujours été considéré comme une option, dans les années 1970 il s’agissait clairement d’une niche : d’un évènement sûr qu’il était logique de vivre entouré des siens à la maison, il est peu à peu transformé en moment qu’il était prudent de vivre dans un hôpital, lieu qui, s’il n’est pas convivial, est réputé efficace et à même de réduire les risques.
Accouchement à domicile : choix plus que contrainte
L’accouchement à domicile n’est plus alors un choix acceptable et les femmes ne doivent pas y être contraintes sous prétexte qu’il n’y a pas suffisamment de place en maternité. La naissance commence à être décrite comme une urgence médicale et lorsque des récits d’accouchement à domicile sont publiés, ils sont toujours ponctuées par l’avis de spécialistes qui estiment que derrières ces belles histoires, il ne faut pas oublier que lorsque les choses se passent mal, un désastre peut survenir.
Pour autant, un magazine grand public peut-il prendre le risque de valider sans mise en garde l’accouchement à domicile ? Il a au moins le mérite d’avoir continué à parler des accouchements programmés à domicile alors même que ceux-ci ne représentait plus qu’1 % des naissances.
Dommage que l’analyse ne soit pas allé au-delà de 1992, après la publication du fameux rapport Changing childbirth.
Marie Gélébart
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