Un manifeste signé notamment par l'Union syndicale de la psychiatrie (USP), le Syndicat de médecine générale (SMG) et l'Association santé et médecine du travail (ASMT), diffusé à l'occasion du congrès de l'USP qui s'est tenu du 24 au 26 mars, vise à "passer à l'offensive face aux causes de la souffrance au travail". Celle-ci est "devenue une sorte d'épidémie touchant tous les secteurs d'activité professionnelle", soulignent les signataires. Selon eux, "des milliers [de médecins font], dans notre pratique quotidienne, depuis de nombreuses années, le lien entre santé et travail".
"Nous constatons chaque jour, de plus en plus, les conséquences de la violence des organisations du travail", écrivent-ils. Et de citer : "décès prématurés par cancers secondaires à la polyexposition aux toxiques, psychopathologies professionnelles, qu'il faut permettre de reconnaître en maladie professionnelle (non reconnues car hors tableaux des maladies professionnelles), lésions tendineuses et articulaires multiples en lien avec un management brutal et déshumanisant qui accélère et intensifie le rythme du travail".
Les premiers signataires sont :
l'Association pour la protection de la santé au travail dans les métiers portuaires 44 (APPSTMP 44), l'Association santé et médecine du travail (ASMT), Ensemble, la fédération Sud santé sociaux, France insoumise, le Parti de gauche, le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), le Syndicat de la médecine générale (SMG), l'Union départementale CGT 44, l'Union syndicale de la psychiatrie (USP), l'Union syndicale Solidaires.
Les signataires revendiquent ainsi en premier lieu de "jouer leur rôle de lanceur d'alerte". Cette fonction doit être "protégée des attaques d'employeurs auprès de l'Ordre des médecins et des sanctions qui s'ensuivent", expliquent-ils (lire notamment notre enquête). "Nous revendiquons la pleine indépendance de tous les médecins, notamment du travail, alors que celle-ci est menacée", ajoutent-ils. Une requête au Conseil d'État portée par leurs organisations syndicales et associations est d'ailleurs actuellement en cours contre les plaintes des employeurs envers les médecins qui font le lien entre la santé de leurs patientes et patients et le travail.
"Nous revendiquons la pleine indépendance de tous les médecins, notamment du travail, alors que celle-ci est menacée"Extrait du manifeste pour la santé, la sécurité au travail et la justice sociale
Repérer, reconnaître, accompagner
Jouer ce rôle signifie également "se former pour être capables de mieux repérer le travail comme cause des pathologies". Il s'agit aussi de "passer du soupçon à la connaissance en rédigeant plus souvent les certificats d'accidents du travail et de maladies professionnelles, même hors tableaux, afin de soustraire les patients à des risques inconsidérés, ce qui signifie étendre la formation en santé au travail des étudiants au sein de l'université (médecine, sociologie, droit, etc.)". Enfin, jouer ce rôle vise à accompagner les patients et patientes et les orienter vers les lieux ressources : permanences pluridisciplinaires sur le travail, associations, collectifs de travail ou d'organisations syndicales, comités d'entreprise ou comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT).
Enfin, les signataires du manifeste indiquent soutenir et s'associer "à celles et ceux qui luttent pour que les fautes inexcusables des employeurs soient portées au pénal". Ils espèrent être rejoints par d'autres et interpellent en cette période électorale, les candidats à la présidentielle et aux législatives "pour exiger d'eux de passer à l'offensive avec [eux] dans ce domaine".
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