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mercredi 5 avril 2017

Ségolène Neuville joue la carte scientifique pour préparer le quatrième plan Autisme

Annoncés de longue date, les groupes pour l'élaboration du 4e plan Autisme ne sont toujours pas en place. Par contre, vingt scientifiques internationaux planchent sur la question. Une meilleure intégration des familles, la mise en place de prises en charge qui ont fait leur preuve ou encore l'abandon de la psychanalyse font partie des réflexions.
Au lendemain de la journée mondiale de sensibilisation à l’Autisme, le Gouvernement a, comme il l'avait annoncé lors de la remise du rapport de Joseph Schovanec sur l'emploi des personnes autistes (lire notre article), réuni pour la deuxième fois des chercheurs internationaux. Il y a juste un peu plus de deux semaines, ces professionnels (lire notre encadré) ont confronté leurs points de vue par visioconférence. Cette fois, ils ont fait le déplacement à Paris. Alors qu'ils planchaient ce 3 avril, dans les étages du ministère de la Santé, au rez-de-chaussée se déroulait une conférence dédiée à la recherche scientifique et aux comparaisons internationales au service de l'inclusion. 

Une secrétaire d'État sur la réserve

En introduction, Ségolène Neuville, secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées et de la Lutte contre l'exclusion, tenue par son devoir de réserve, a toutefois annoncé que le rapport d'évaluation du 3e plan Autisme réalisé par l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) serait publié dans les prochaines semaines. Comprenez juste avant la fin de son mandat. Quant aux recommandations de l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (Anesm) et de la Haute Autorité de santé (HAS) relatives aux adultes autistes, attendues elle aussi depuis un certain temps, il faudra encore patienter. Elle a évoqué la fin de l'année. Au passage, elle a souhaité que le futur plan Autisme (4e du nom), dont elle n'écrira pas la partition, puisse "aller plus loin dans la mise en œuvre des méthodes qui ont fait leur preuve". La caution scientifique semble devoir être la clé du prochain plan.

Huis clos pour les scientifiques

De leur côté, les experts de la commission scientifique internationale, dont un sur quatre sont des spécialistes français (pédopsychiatre, généticien ou psychiatre) n'ont eu qu'une demi-heure pour esquisser leurs premiers consensus. Il faut dire que leurs travaux qui se déroulent à huis clos ne sont pas terminés. Pour rassurer ceux qui aimeraient en savoir plus, Ségolène Neuville a indiqué que le contenu de la réunion de la commission sera rendu public "prochainement" sur le site Internet gouvernemental dédié à l’autisme, "dans un souci de transparence vis-à-vis des personnes, des familles et des acteurs nationaux de référence", a précisé son cabinet par communiqué. 
Les premiers consensus qui ont toutefois été évoqués à la tribune vont dans le sens d'une meilleure collaboration internationale. 

La psychanalyse mise à l'index

Jonathan Green, pédopsychiatre à l'université de Manchester (Royaume-Uni) a aussi rapporté que le groupe d'experts, dont il fait partie, s'est clairement positionné sur le fait que "les services de santé ne doivent pas mettre en œuvre des pratiques non prouvées scientifiquement". Laurent Mottron, psychiatre au Centre de recherche en santé mentale de l’université de Montréal (Canada) a ajouté : "il faut abandonner le concept de la prise en charge unique du type "one sized fits all" et aller plutôt vers une palette de services". Au passage, il a écorné la méthode ABA, pour Applied Behavior Analysis, qui fait toujours débat en France

Ce qui semble sûr aux yeux des experts, "c'est que la psychanalyse n'a rien à faire dans la prise en charge des enfants autistes", a souligné Kerim Munir, psychiatre à l'hôpital pour enfants de Boston (USA). Il a lui épinglé l'exception française qui, pour des raisons historiques, a du mal encore à abandonner cette voie, contrairement aux autres pays. Enfin, les vingt ont d'ores et déjà retenu l'importance du rôle des familles auprès des autistes. Toutes ces pistes doivent maintenant aboutir à la mise en place des groupes de travail pour la préparation du futur plan français. À quelques semaines de l'élection présidentielle, certains trouvent l'initiative de la secrétaire d'État un peu surprenante. Dans une tribune libre, publiée dans Le Huffington Post le 2 avril, Danièle Langloys, présidente d'Autisme France s'interroge par exemple sur la nécessité de faire appel à des experts internationaux pour l'élaboration du quatrième plan, quitte à retarder sa mise en place. "Faut-il vraiment une conférence internationale pour faire enfin ce qu'il faudrait faire pour les personnes autistes ?", clame-t-elle. 

Les vingt membres de la commission internationale

De différents pays et de différentes spécialités, les experts sélectionnés pour orienter la préparation du futur plan Autisme sont :
  • Tony Charman, psychologue clinicien (King’s College, Royaume-Uni) ;
  • Jonathan Green, pédopsychiatre (université de Manchester, Royaume-Uni) ;
  • Christopher Gillberg, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent (université de Göteborg, Suède) ;
  • Francesco Cuxart, docteur en psychologie (université de Barcelone, Espagne) ;
  • Pierre Defresne, pédiatre, neuro-pédiatre, réadaptation fonctionnelle et professionnelle (Centre de référence pour les troubles du spectre de l'autisme, Belgique) ;
  • Herbert Roeyers, spécialiste en psychologie clinique (université de Gand, Belgique) ;
  • Carmen DionneI, psychologue (université du Québec à Trois-Rivières, Canada) ;
  • Annalisa Monti, neuropsychiatre (Italie) ;
  • Laurent Mottron, psychiatre (Centre de recherche en santé mentale de l’université de Montréal, Canada) ;
  • Kerim Munir, psychiatre (hôpital pour enfants de Boston, USA) ;
  • Fred Volkmar, psychologue (université de Yale, USA) ;
  • Catherine Barthélémy, pédopsychiatre (France) ;
  • Thomas Bourgeron, généticien (université Paris Diderot, France) ;
  • Marion Leboyer, psychiatre (France) ;
  • Nadia Chabane, pédopsychiatre (Centre cantonal autisme, Suisse) ;
  • Bernadette Roge, psychologue (université Jean-Jaurès, Toulouse, France) ;
  • Ghislain Magerotte, psychologue (université de Mons, Belgique) ;
  • Amaria Baghdadli, pédopsychiatre (CHU de Montpellier, France) ;
  • Amaia Hervas Zuniga, pédopsychiatre (Espagne) ;
  • Francine Julien-Gauthier, professeur de sciences de l’éducation (Québec, Canada).

Lydie Watremetz

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