Les programmes des candidats à l'élection présidentielle permettront-ils de dépoussiérer la politique du handicap ? À quelques jours du premier tour, Pascal Jacob, président de l'association Handidactique, a ainsi convié les représentants des "grands" candidats à dérouler les mesures qu'ils entendent mettre en place s'ils accèdent à l'Élysée. Et a priori, le compte n'y est pas.
Le président de l'association s'en est en effet désolé : alors même que la structure plaide pour une "nouvelle gouvernance du handicap pour une réelle égalité des chances" et dénonce une conception de la politique publique tendant au "confinement institutionnel" des personnes handicapées (note de l'association à télécharger ci-dessous), il a "le sentiment que nous sommes à des millions de kilomètres de la personne".
Le constat est sévère. Et pour cause, de Jean-Luc Mélenchon à François Fillon en passant par Benoît Hamon ou Emmanuel Macron, les projets politiques abordent bien — à l'exception de celui de Marine Le Pen — la question de l'inclusion, qu'elle soit sociale, scolaire ou professionnelle (retrouvez les propositions des candidats dans notre dossier). Pourquoi donc un tel dépit ? "Nous vivons confinés dans un système qui consiste à essayer de le faire perdurer quel que soit le besoin de la personne" avec un questionnement "toujours traité à travers le prisme des lois et non le prisme de l'humanité, toujours orchestré par l'économie". Aussi le constate-t-il amèrement : "En écoutant les candidats, je sens que le fossé grandit."
Des programmes aux chiffrages hasardeux
Tous interrogés sur le chiffrage du volet handicap proposé par leur candidat, les représentants présents ont tous apporté une réponse plus ou moins similaire. Si ce volet a bien été "budgété" dans le programme global de Jean-Luc Mélenchon, François Fillon et Marine Le Pen, tous ont bien été à la peine de préciser l'enveloppe allouée aux questions du handicap. Du côté de Benoît Hamon, on estime la politique en la matière à 2,5 à 3 milliards d'euros (Md€) de dépenses nouvelles, dont 1 Md€ dans le cadre de la revalorisation de l'allocation aux adultes handicapés (AAH).Assurer une évaluation plus pertinente de la personne
Pour l'association, qui cherche avant tout à valoriser le projet de vie des personnes, favoriser le milieu de vie ordinaire et assurer l'accompagnement en proximité plutôt que de penser institutionnalisation, mieux vaudrait donc que les candidats revoient la copie en la recentrant sur la personne. Ce, en se basant sur trois grands chantiers, élaborés par le groupe de travail constitué par l'association à l'Assemblée nationale début janvier. À savoir, la redéfinition de l'autonomie, de l'évaluation et de l'orientation des personnes handicapées.
À cet égard, Pascal Jacob plaide pour la constitution d'une "école de l'autonomie". "Ceux qui ont constitué la loi de 2005 le disent aujourd'hui : "On s'est trompé."". Aussi insiste-t-il, il faut construire à partir de la capacité des personnes handicapées. D'abord, en assurant une évaluation plus pertinente de la personne (Pascal Jacob évoquera notamment le besoin de repenser les maisons départementales des personnes handicapées, MDPH), dans un environnement adapté avec la domotique et les accompagnements nécessaires, mais aussi en prenant en compte le projet de vie. Sans oublier un dernier chantier : assurer la formation des acteurs de l'accompagnement à la spécificité du handicap mais aussi leur apprendre à être aidés par des non-professionnels. "Apporter de l'autonomie, c'est aussi aider à aider", conclut-il.
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