Une analyse récemment mise en ligne par Santé publique France sur le suicide, exploitant les données du baromètre santé 2014, confirme "l'importance du phénomène suicidaire en population générale et la nécessité d'actions de prévention ciblées et efficaces". Une augmentation des pensées suicidaires et des tentatives de suicide (TS) dans l'année a été constatée entre 2010 et 2014 (passant respectivement de 4% à 4,9% pour les pensées et de 0,5% à 0,8% pour les TS), confirmant une tendance à la hausse des tentatives de suicide déjà observée entre 2005 et 2010. Les données d'hospitalisation issues du PMSI*-MCO indiquent également, sur la période 2004-2011, une hausse annuelle moyenne des taux de séjours hospitaliers pour tentative de suicide de 4,8% pour les hommes et de 2,9% pour les femmes. Cette étude montre également une augmentation significative des pensées suicidaires liés à des motifs professionnels. En effet, par rapport à 2010, chez les actifs ayant déclaré des pensées suicidaires dans l'année, l'attribution de ces pensées à des motifs professionnels a progressé de près de huit points (37,1% évoquaient des raisons professionnelles en 2010 contre 44,8% en 2014).
Ce résultat est "en ligne avec les données du "programme de surveillance des maladies à caractère professionnel" qui enregistrait une hausse de la souffrance psychique au travail sur la période 2007-2012", relève Santé publique France. Cette augmentation "pourrait être liée d'une part à une plus grande focalisation sur les risques psychosociaux au travail du fait de la médiatisation importante des situations de souffrance au travail ces dernières années et d'autre part à une dégradation des conditions de travail, en lien notamment avec la crise économique amorcée en 2008", commentent les auteurs de l'étude. Ils signalent que le plan Santé au travail 2016-2020 a d'ailleurs inscrit le développement des actions de prévention des risques psychosociaux comme un de ses axes prioritaires d'intervention.
Chez celles et ceux qui déclarent avoir tenté de se suicider au cours de l'année, 58,4% ont effectué un passage à l'hôpital et 64,5% ont été suivis par un médecin ou un psychiatre/psychologue/psychothérapeute. Le passage à l'hôpital a donné lieu à une hospitalisation d'au moins une nuit dans 92,2% des cas. "En revanche, un quart (26,8%) déclarent ne pas être allés à l'hôpital ni avoir été suivis par un médecin ou un "psy" à la suite de leur tentative de suicide", relève Santé publique France. Cette absence de contact avec le système de soins concerne davantage les hommes (41,9%) que les femmes (15,9%). Ce qui conduit les auteurs à préconiser des études plus approfondies pour identifier les raisons et facteurs de non-recours aux soins, en particulier chez les hommes.
* Programme médicalisé des systèmes d'information (PMSI)
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